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Note concernant mes photos de l'année 2000.
De : delta.system@bluewin.ch
Objet : Burkina 2000 - Message 20
Date : 10 avril 2000 10:21:55 GMT+02:00
À : delta.system@freesurf.ch
*** Ouagadougou, dimanche 9 avril 2000, 16 h 30
Bonjour tout le monde,
Samedi matin, au bureau d'Afrika Link, on a commencé à aménager un coin
Apple. Un peu moins de 6 x 4 m (à l'oeil), séparé du reste par une cloison
de contre-plaqué, cet espace devait être le "magasin de Karim". Ce dernier a
abandonné l'idée et libéré les lieux. Il y a une porte directement sur
l'extérieur.
Après un coup de patte de Moussa, on a installé le Performa 630 dédouané la
veille ainsi que le vieux Mac IIsi prêté par ECLA en janvier (voir les
épisodes précédents!). Quand j'ai sorti le drapeau Apple (1 x 2 m, environ),
mes camarades voulaient immédiatement le mettre sur la façade de l'immeuble!
J'ai dû m'y opposer pour des raisons de crédibilité évidentes...Ce local servira de salle de cours et de démonstration, pour la formation de
la semaine prochaine.
A midi, je n'étais pas en forme et je n'ai rien mangé: la connerie à ne pas
faire! J'ai dormi une demi-heure et à 14 h 45, "Raso" (c'est le surnom du
jeune chauffeur frère du cousin de Karim...) était là avec sa voiture.
J'avais rendez-vous avec Moussa Bologo, président d'ECLA, à leur atelier
d'informatique, au nord-ouest de la ville.
On arrive à l'heure... donc les premiers! Il fait un soleil de plomb et
toujours plus de 40 degrés. On s'installe sur un banc, à l'ombre, et arrive
bientôt Hamado Ouédraogo, conseiller et consultant d'ECLA, puis Abdoul
Lingani, le responsable de l'atelier informatique. Ce dernier vient d'avoir
un entretien téléphonique avec M. Bologo: le lieu de la réunion a été
déplacé à l'ODE où loge Bologo et où il y a des locaux ventilés, voire
climatisés, ce qui n'est pas le cas chez ECLA. Seulement, l'ODE c'est de
l'autre côté de la ville, derrière l'université... On y va!
Il fait encore plus chaud que la veille, à deux reprises, sentant une
impression de chaleur rayonnante, je me suis dit: "Mets-toi à l'ombre, mon
vieux!". Le problème c'est que j'y étais déjà!!! En arrivant vers Moussa, je
n'étais pas bien du tout. On est tous entré dans sa chambre et il a branché
la climatisation, mais le coup de chaleur était là, cumulé avec une bonne
hypoglycémie... J'ai vomi tout le liquide absorbé depuis le matin (et ça
fait pas mal!). Comme j'avais rien mangé, j'ai fait ça très proprement! ;-[
Mais trêve de détails scabreux, je dois avouer que ce qui m'a fait
récupérer, c'est le Coca. Ça fait mal à l'idéologie, mais tant de bien à
l'estomac... et c'est vraiment très sucré...
On a quand même bien discuté et mes interlocuteurs ont été vraiment
chouette. Il faut dire que les Burkinabè aussi souffrent de la chaleur, mais
ils ont un peu plus l'habitude.
*** Ouagadougou, dimanche 9 avril 2000, 21 h 30
De la discussion de samedi après-midi, il ressort les points suivants:
- ECLA/Moussa Bologo a envie de travailler avec moi et me fait confiance.
- Je suis d'accord sur le principe avec la proposition de Moussa de
constituer en Suisse une association "sans but lucratif", de type ONG, ce
qui ne veut PAS dire à but philanthropique et n'implique PAS le bénévolat.
- Une telle association permettra non seulement que je ne sois pas seul (il
y aura un comité, etc.) mais aussi une clarté et une transparence des prix.
- Accessoirement, une telle association sera mieux à même que Delta-system
Sàrl (société commerciale) de faire jouer les bonnes volontés (membres de
soutien, cotisations, etc.).
- Il est bien clair que de chaque côté (Suisse et Burkina Faso) les
rémunérations doivent être équitables.
- Une collaboration doit être offerte à "Drahtesel" (La Bécane), la
fondation bernoise qui fournit 3'000 vélos récupérés par année à ECLA.
(Je connais déjà Paul Richter et ça ne devrait pas poser de problème.)
- On doit se revoir quand j'aurais récupéré pour poursuivre la discussion et
parler plus "pratique". Je passe la fin de l'après-midi à l'ODE, allongé. Je crois même que j'ai un
peu dormi. Vers 19 heures, je suis assez vaillant pour affronter le
déplacement jusqu'au centre ville.
De retour au Grillon, on me signale que ma femme a appelé. Que se
passe-t-il? Je finis par atteindre Sylvain (mon fils) qui me dit qu'on a
aucune nouvelles de moi!?! Je le rassure et comprends que mes e-mails n'ont
pas passés...
Je vais m'étendre en attendant la visite d'Abdoul Salam Kaboré (ami,
pharmacien, ancien ministre sankariste) qui doit passer me prendre. Je me
requinque encore un peu chez lui où on installe même une natte et un matelas
dans la cour. J'ai dormis une heure, puis mangé de la salade et une crêpe
avec un nouveau Coca (!). Quand il m'a ramené au Grillon j'étais vraiment
sur la bonne voie!
J'ai aussi vu Michelle qui est toujours enceinte, mais vraiment plus pour
longtemps (avec la chaleur qu'il fait, bonjour la fatigue!).
Salam m'a aussi rappelé que l'Onatel avait annoncé des perturbations des
services Internet pour cause d'extension du réseau. C'était censé être pour
le week-end passé, mais il y a peut être prolongation!
Samedi après-midi, m'a dit Salam, il y a eu une manifestation à Ouaga qui a
mal tourné: gaz lacrymogènes et échauffourées. Certaines sources, mais c'est
loin d'être vérifié parlent de blessés graves, même par balles (des fusils
de chasse). L'opposition est en train de lancer une "résistance active" ce
qui devrait paralyser le pays, si le mouvement est suivi. On verra bien. (Si
vous avez plus d'informations que moi, ce qui est certainement le cas,
communiquez-les moi, svp.)
La nuit n'a pas été très longue, mais sans problème.
Ce dimanche matin, je me suis installé (avec mon petit ventilateur privé!)
dehors, devant ma chambre, pour terminer le "Message 19". Ensuite, depuis
Afrika Link, j'ai fait quelques tests où j'ai pu comprendre le problème de
"fasonet": le serveur qui envoie les messages vers l'extérieur du réseau
burkinabè ne fonctionne pas (à l'intérieur, ça marche). Le reste est OK, je
reçois tout. Après quelques essais et grâce à mes multiples adresses et
fournisseurs d'accès, j'ai finalement déterminé qu'en utilisant le serveur
de "Sunrise" en Suisse, les choses se passaient bien (alors que,
normalement, c'est interdit par le serveur burkinabè). Je suppose donc que
vous avez enfin reçu de mes nouvelles et je m'attends à une vague de
réponses demain (?).
Le reste de la journée a été calme... je récupère: reposée et repas de midi
chez les Ganamé, après-midi à l'hôtel, repas du soir avec mon ami Rado, le
chauffeur du PNUD entre deux missions. Il était crevé par une semaine de
travail à Dori (Sahel, porte du désert), on n'a pas fait long. A 21 h 30 je
reprenais ce message et maintenant je vais me coucher: demain c'est lundi,
ici aussi!
Je vous salue tous bien amicalement,
Gilbert Cujean
--
... en séjour au Burkina Faso [:-3)=
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Objet : Burkina 2000 - Message 20 bis
Date : 10 avril 2000 12:56:44 GMT+02:00
À : delta.system@freesurf.ch
*** Ouagadougou, lundi 10 avril 2000, 11 h 15
Hello,
Voici quelques photos, juste pour le "fun":
1- Performa à Ouaga: l'installation du bel importé et mon investissement éolien! |
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2- Demi-ventilo: principalement à destination de mon architecte préféré. La paroi de séparation en contre-plaqué est simplement ouverte au droit du ventilateur. On espère que le pilotage de l'appareil ne va pas créer des problèmes entre voisins! |
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3- 2000 F d'amende: cet écriteau doit être unique à Ouaga (?), il est juste à côté du bureau d'Afrika Link. Je n'ai encore personne vu verbaliser! |
 |
A la prochaine!
Gilbert Cujean
--
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Objet : Burkina 2000 - Message 21
Date : 11 avril 2000 11:35:32 GMT+02:00
À : gc@deltalink.org
*** Ouagadougou, lundi 10 avril 2000, 22 h 45
Bien le bonjour à tous,
Encore une journée où les manteaux de fourrure étaient de trop!
Au petit-déjeuner, j'étais tout seul sous le "hangar" dans la cour de
l'hôtel (on dirait chez nous un "pavillon de jardin"). Un garçon de l'hôtel
est venu me proposer "Le Pays" que je me suis empressé d'acheter. C'est un
quotidien indépendant dans lequel les événements de samedi sont relatés avec
quelques détails. Ce que j'ai déjà dit est confirmé: il y a eu répression
violente par les forces de la Direction de la Compagnie d'Intervention
Rapide (une sorte de CRS burkinabè) d'une manifestation du Collectif de
l'opposition, qui a tenté de se rapprocher de la Présidence pour transmettre
un message de protestation.
Les autorités ont en fait provoqué les débordements en bloquant les
opposants à distance, alors que le parti présidentiel n'a semble-t-il pas de
problème d'autorisation pour manifester (sa soumission?) sous les fenêtres
de Blaise Campaoré (président en exercice, compromis dans des affaires peu
avouables d'assassinats d'un journaliste et d'un opposant, de trafic d'armes
avec la Sierra Leone, etc.).
Ce qui est grave, c'est que les opposants, qui jusqu'à maintenant étaient
restés pacifiques, ont cédés à ces provocations, aidés en cela par quelques
éléments incontrôlés. Il semble que de l'autre côté, on s'en est donné à
coeur joie et qu'on a "cassé du manifestant". Le journal rapporte des
"scènes pathétiques" (sic) où "des femmes évanouies, victimes de gaz
lacrymogènes, des hommes se battant entre vie et trépas, un jeune aux jambes
immobilisées, bref une dizaine de blessés gisaient à même le sol" (resic).
D'après les manifestants, il y a eu une trentaine de blessés dont 7 graves
et 6 arrestations.
Je vous rappelle juste qu'à cette heure-là, il faisait plus de 40 degrés
(... et que moi, j'étais "out" chez Moussa Bologo!).
La presse burkinabè m'étonnera toujours par sa liberté de ton.
Nos Edi-Ringier-presse et Cie pourrait bien y jeter un oeil de temps en
temps! Bon, c'est en noir et blanc, format 25 x 30 cm environ, sur du
mauvais papier, avec peu de pub, mais avec des éditoriaux musclés, des
informations politiques (y compris le PV du Conseil des Ministres
hebdomadaire!), les communiqués de presse de l'opposition, des syndicats,
comme du gouvernements, des annonces officielles ou nécrologiques, des faits
divers, etc. Aujourd'hui, il y avait par exemple sur une page de gauche le
récit des événements, avec deux encadrés: le "Communiqué Du Ministère de
l'Administration Territoriale et de la Sécurité" qui souligne l'illégalité
de la manifestation, et l'"Appel à la mobilisation" du Syndicat National des
travailleurs de l'Education de Base (SYNATEB) qui stigmatise la répression
féroce et demande à ses membres de suivre les directives du Collectif.
Sur la page de droite, il y a le communiqué du Collectif appelant à "72
heures de grève" (10, 11, 12.4.2000) et à la "résistance active". Les
signataires en sont Halidou Ouédraogo (sauf erreur, du Mouvement Burkinabè
des Droits de l'Homme), Tolé Sagnon (CGT) et le Pr Joseph Ki-Zerbo (Groupe
du 14 février), tous membres du comité du Collectif.
---
En arrivant au bureau d'Afrika Link, on m'a raconté que certaines artères
d'accès au centre ville avaient été barrées par des pneus enflammés...
Matinée calme, coups de fils, courrier électronique, organisation de la
première séance de formation, etc. Vu la participation (4 ECLA, 5 Afrika
Link et moi) on a décidé d'enlever provisoirement la séparation en
contre-plaqué du fond du local (celle qui a un trou pour le ventilateur!).
On a commandé les menuisiers (deux apprentis?) et je crois que si je n'étais
pas intervenu quant à la stratégie à adopter, on y serait peut-être encore,
ou plus vraisemblablement la paroi serait en miette! Alors que je n'ai pas
pu avertir Augustine (la patronne) et qu'on replacera cette séparation en
fin de semaine. L'espace est plus ouvert et agréable et on a pu récupérer
deux clous pour fixer le drapeau Apple!
A midi, j'ai mangé à l'hôtel, au frais (30°?) et au calme dans ma chambre.
La cuisine où j'ai commandé à manger est une sorte de garage-buanderie au
fond de la cour. Ils ne font que très peu de repas, d'après ce que j'ai pu
constater et aujourd'hui, je suis vraisemblablement seul. C'est vide, sauf
les mouches et un petit type qui me dit s'appeler Gilbert. Je pense que ça
n'a rien à voir (quoi que son sourire faisait plaisir à voir quand je lui ai
dit "Moi aussi!"), mais 20 minutes après, il m'apportait le meilleur steak
que j'ai jamais mangé au Burkina, des frites et une grande bière. Tendre à
souhait, paré au point que RIEN n'est resté sur l'assiette, bref: délicieux!
C'est peu avant 14 heures que les choses se sont gâtées: une fois, puis
encore une fois, puis toutes les deux minutes montre en main, un phénomène
incroyable s'est produit au niveau du climatiseur de ma chambre.
Imaginez un climatiseur qui tourne, c'est le bruit d'un bon ventilateur
rapide et c'est déjà pas très agréable. Mais quand brutalement ce bruit se
transforme en une série de quinze à vingt coup de marteau piqueur (un vrai,
à l'ancienne, pas ces machines insonorisées pour les "tapettes") là, DANS la
chambre, ça surprend! Je n'exagère pas en disant que je n'osait pas
approcher de l'appareil: quelque chose allait sauter... Et non, ça repartait
pour un tour! Absolument impressionnant et légèrement incompatible avec mon
idée de faire une petite sieste avant la performance de l'après-midi.
J'ai pas dit, mais en même temps ou avec deux secondes de décalage, les
climatiseurs voisins faisaient pareil... A défaut de comprendre j'ai été
demander des explication. "Il fait trop chaud!... Y a trop de courant!...".
J'ai quitté l'hôtel 5 minutes après, en menaçant d'interrompre mon séjour au
Grillon s'ils ne trouvaient pas une solution avant le soir... et de ne pas
payer toute ma note!
La formation de l'après-midi s'est parfaitement bien passée. Les types sont
formidables, motivés, curieux... Mais pas très ponctuels, on a commencé avec
une heure de retard. Mais cette fois, moi, j'ai le temps!
... et j'oublie presque l'heure: c'est passé minuit! A demain!
*** Ouagadougou, mardi 11 avril 2000, 9 h
Je suis rentré vers 19 heures 30. Là aussi c'est impressionnant, il fait
nuit mais la chaleur est toujours presque pareille... Et voilà à peine dans
ma chambre que le marteau piqueur reprend de plus belle! Je me douche et
fonce à la réception: "J'attends la visite du directeur dans ma chambre et
s'il n'est pas là dans 30 minutes, je déménage à l'Indépendance (5 étoiles)
à vos frais!". Dix minutes après, le gérant (pas le directeur) se pointe et
m'explique à nouveau qu'il fait trop chaud (je savais déjà!), mais que la
nuit il n'y a pas ces bruits. C'est un fait que le calme -toujours tout
relatif en Afrique- est revenu. Pourvu que ça dure! Demain matin on me
déplacera dans une chambre un peu à l'écart, qui n'a "pas de problème". Ok,
on essaye, mais attention, si il y a du bruit cette nuit, je mettrai mes
menaces à exécution!
En fait tout c'est bien passé et ce matin on déplacera mes bagages dans une
véritable petite suite (2 pièces), pour le même prix... Vive les râleurs!
(Mais honnêtement, ce n'est absolument pas supportable, ce bruit doit bien
faire 90 db!).
---
A'ciao, bonne journée!
Et couvrez-vous: "En avril n'enlève pas..."
Amitiés,
Gilbert Cujean
--
... en séjour au Burkina Faso [:-3)=
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De : gilbert.cujean@wanadoo.fr
Objet : Burkina 2000 - Message 22
Date : 13 avril 2000 08:02:38 GMT+02:00
À : gc@deltalink.org
*** Ouagadougou, mercredi 12 avril 2000, 20 h
Bonsoir les amis,
Hier mardi, la matinée a été calme et banale.
Je ne vous en avais pas parlé jusqu'à maintenant, mais depuis lundi, un
échange de messages Internet a été engagé par un de mes clients qui avait
besoin d'un peu d'assistance. Il aura tout de même fallu deux bons jours
pour résoudre le problème: quand on n'a que les yeux et les mains (... et la
tête! Alouette!) d'une tierce personne à 4000 km pour agir, ça fait un bon
exercice d'abstraction, mais c'est pas si facile!
Vers 13 heures, j'ai fait connaissance avec ma nouvelle chambre. Vaste, mais
borgne (ventilation par la climatisation!). Tout fonctionne, mais j'ai dû
faire nettoyer le filtre qui devait bien contenir 1 kg de poussière et était
complètement obstrué. Après ça: moins de bruit, plus d'efficacité, économie
d'énergie... Et ça doit faire quelques années que c'était comme ça!
L'après-midi, nouvelle séance de formation. On a été perturbés par plusieurs
longues pannes de courant. Vive le iBook que je prends soins de maintenir en
charge assez souvent, précisément en prévision de ces ennuis!
A 18 heures j'attendais Ousmane Sawadogo (le mari d'Augustine). En fait, il
n'était pas aussi disponible que je l'avais prévu et après une petite
discussion sur l'avenir d'Afrika Link, il est parti vers un autre
rendez-vous... Augustine sera encore loin environ un mois après son
accouchement et ça nous mènera en juin. A ce train-là on n'est pas au bout
de nos peines et mes futurs (éventuels) associés devront montrer plus de
motivation pour que je me lance dans une opération conjointe. C'est
peut-être pas plus mal non plus de poursuivre un seul lièvre à la fois: ECLA
et ses occasions dans un premier temps, le Macintosh neuf plus tard?
---
Ce matin, alors que la question était pendante depuis lundi matin auprès de
Mathieu (!), j'ai empoigné le tout petit problème des prises téléphoniques
pour modems: les 3 prises que j'ai achetées à Pontarlier coupent le
téléphone qui y est raccordé (il s'agit de prises gigognes). Mais que ce
passe-t-il? En moins de dix minutes, le truc était réglé: il fallait
démonter ces prises, bien observer et tirer des conclusions. Rien de savant!
Toujours est-il qu'en 48 heures, mon ami Mathieu en était toujours à hausser
les épaules et à contempler les prises de l'extérieur en disant "pourtant ça
devrait marcher"...
Il y a des fois où j'en ai marre de cette situation de laisser aller
fataliste où, même pour les sujets qui les intéressent, les Africains
attendent je ne sais quelle manifestation magique pour enclencher la
première! Mais je me soigne.
Avec Béré, l'autre maintenancier d'Afrika Link, l'exercice était autour d'un
Macintosh SE (1 MB RAM, 20 MB disque!!!) d'un cousin à lui, qui ne démarrait
plus. La situation était finalement désespérée (disque dur "out"), mais les
multiples et diverses tentatives de réparation étaient intéressantes, y
compris de transporter le disque sur une autre machine pour avoir plus de
mémoire pour agir.
J'ai été manger chez les Ganamé (à l'africaine, c'est à dire à l'improviste:
tu mange ce qu'il y a, s'il y a). J'en ai profité pour mettre à jour le
système de son Mac, de manière à pouvoir ultérieurement mettre des logiciels
Internet plus récents. Suite des opérations une autre fois, car avec les
deux bières préalablement éclusées au bar du Cinéma voisin, le Mac et le
repas, il était tout d'un coup l'heure de me pointer chez Afrika Link pour
le cours "du soir" (dès 15 heures).
Très jolie formation-démonstration sur le réseau LocalTalk, avec théorie et
pratique, partage de fichiers, partage d'imprimante, partage d'application,
etc.
En rentrant à 19 h, il y avait un mot de Moussa Bologo. On poursuit les
discussion demain matin.
---
Photos jointes: Une série sur l'hôtel Grillon (publicité gratuite!). La deuxième montre le "hangar", la dernière avec la porte de la chambre 12
(croix) où je loge maintenant (elle est silencieuse car elle donne de
l'autre côté!).
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Quant à "Joyeux Noël", elle a vraiment été prise à Ouagadougou, hier 11
avril 2000, et il faisait 40 degrés à l'ombre! Imaginez la scène... il y a
des Burkinabè qui étaient hilares dans mon dos! |
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Je suis désolé de la pauvreté et de la banalité de mes messages, mais ce
n'est pas toujours l'aventure! Cette fois il y a du boulot et il fait
joliment chaud...
A plusss,
Gilbert Cujean
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Objet : Burkina 2000 - Message 23
Date : 15 avril 2000 08:48:23 GMT+02:00
À : gc@deltalink.org
*** Ouagadougou, vendredi 14 avril 2000, 19 h 30
(27e anniversaire de mariage, bravo Françoise!)
Bonjour à tous,
Hier jeudi, Moussa Bologo est venu au Grillon pour discuter de la suite.
On avait rendez-vous à 9 heures. J'ai foncé au bureau à 7 h 15 pour lire mon
courrier électronique avant la ruée de 7 h 30 sur Internet. J'étais de
retour au Grillon à 8 heures pour petit-déjeuner. Moussa est arrivé avec une
bonne demi-heure de retard, car il est resté pris dans les embouteillages
créés par l'absence de feux tricolores. Ces derniers sont en effet une cible
appréciée des manifestants...
Logique de Moussa: dans un pays comme le Burkina, où des tas de gens sont
sans emploi, pourquoi n'engage-t-on pas des plantons pour faire la
circulation aux carrefours? Il y aurait moins de chômeurs, ce serait plus
sécurisant pour les usagers, il y aurait moins de chauffards (on brûle plus
systématiquement un feu rouge qu'un mec en uniforme, bras levé!), on ne
pourrait pas les casser à coup de pierres... et j'ai vu dans le journal
qu'un équipement de 4 feux coûte 30 millions de francs (CHF 75'000.-).
Ramené au salaire mensuel supposé de 60'000 F CFA/mois, ça fait plus de 40
ans de salaire, et ça serait bien payé! C'est ce qu'on appelle le
"maldéveloppement".
Notre discussion a été très riche en promesses d'avenir. Surtout par une
conjonction d'idées fondamentales, mais aussi sur certains détails. A
plusieurs reprises, il a dit quelque chose que j'avais écrit la veille dans
mes notes! Sans entrer dans trop de détails, voici en vrac quelques points
de la discussion:
- Transparence des prix: j'avais préparé un schéma de calcul et donc de
contrôle de la composition typique du prix de vente d'une machine d'occasion
au Burkina (pour 150'000 F CFA de prix de vente, quelle est la part du
travail en Suisse, du transport, des frais de douane, des marges, etc.).
- Collaboration (temporaire?) avec "Drahtesel", la fondation bernoise qui
envoie plus de 3'000 vélos par année à ECLA: Moussa insiste pour que cette
collaboration existe. Je n'y vois que deux inconvénients surmontables: la
distance Bern-Lausanne (et réciproquement!) et la langue.
- Constitution d'une association en Suisse: pas de problème, cette solution
juridique n'interdisant qu'une chose, la rémunération du capital, ce qui
n'est pas notre intention. A ce propos, ECLA Informatique à Ouagadougou
s'appelle RECORD. Je ne savais pas que ça voulait dire: Recyclage
d'Equipements, de Consommables et d'Ordinateurs pour la Réinsertion des
Démunis (!). Mais je trouve qu'en Suisse on pourrait prendre le même nom qui
voudrait dire RECyclage d'ORDinateurs! Qu'en pensez-vous? Par ailleurs, rien
n'est décidé et le concours d'idées est ouvert! J'attends vos proposition. Une carte de membre honoraire à celui qui trouve le nom qui sera adopté!
;-)
- Planning: Ma première estimation, admise par Moussa, est la suivante:
-- Fin mai: l'association est en place.
-- Fin juin: les méthodes et solutions techniques (main d'oeuvre,
logistique, stockage, etc.) sont opérationnelles.
-- Fin août/début septembre: un container part de Berne (?) avec des vélos
et un premier lot de matériel informatique.
-- Début octobre: arrivée du container à Cotonou (Bénin). Une semaine
après, arrivée du matériel à Ouagadougou.
Tout peut être rediscuté, mais il me semble qu'on avance clairement et dans
une connivence que j'apprécie énormément.
Moussa m'emmène ensuite en ville où ECLA Informatique vise un nouveau lieu,
en remplacement de l'actuel qui est dans une zone populaire, peu développée
économiquement et peu fréquentée. Deux solutions sont envisagées: soit un
espace genre vitrine d'exposition de meubles (environ 200 m2, entièrement
vitrés sur 3 m de haut, dans l'angle d'un bâtiment), je vous explique pas la
fournaise qu'on devine dans cet aquarium à sec (on n'est pas entré, sinon je
serais pas là pour vous raconter!); soit, à 300 m de là, une cour plus
traditionnelle, avec deux corps de bâtiments, quelques arbres, la
possibilité (?) de monter une boutique devant le mur, sur la rue, etc. Moi,
j'aurais vite choisi! Surtout que la seconde solution coûte 350'000 F CFA
par mois, contre 400'000 pour le micro-onde (CHF 850.- à 1000.-). De toute
façon c'est très cher, mais on est dans la capitale, au centre-ville!
On se quitte vers midi, en se donnant rendez-vous mardi, à Ouahigouya. Je
vais établir des directives d'utilisation efficace d'Internet pour les
secrétaires, et faire un peu de formation. Moussa est conscient qu'il faut
communiquer pour réussir!
---
Après la formation de l'après-midi à Afrika Link et un souper-télé dans la
cour du Grillon, je me suis brièvement pointé chez les Ganamé. Ils sortaient
chez des amis, alors je me suis "fait une toile", tout seul, dans le ciné
qui est à 50 m de chez eux (Nerwaya). Séance de 22 h 30 dans un
impressionnant cinéma climatisé de 1066 places confortables: "Bone
Collector", avec Denzel Washington et Angelina Jolie, une espèce de thriller
noir, un peu sanguinolent. On était moins de 50 dans cet immense espace, et
la projection était parfaite sur le plan technique (copie neuve, etc.).
---
Aujourd'hui vendredi, la matinée a été pratique:
- J'ai annulé ma réservation au Ranch de Gibier de Nazinga (Françoise ne
venant pas et moi y étant déjà allé, je ne me voyais vraiment pas faire ça
seul!).
- J'ai confirmé mon arrivée à Ouahigouya mardi matin (le Colibri m'attend).
- J'ai appelé Abdoulaye Ouédraogo à Ouahigouya: l'inauguration de la
bibliothèque de Mouni est reportée en automne ou plus tard, mais quand
Françoise sera là, c'est trop important. Je suis très heureux de cette
solution que j'avais proposée à Abdoulaye. Je ferai certainement un saut à
Mouni, pour présenter mes condoléances suite au décès du chef qui m'a reçu
en janvier, et faire connaissance de son successeur.
- J'ai acheté mon billet de car à la STMB et serai le premier appelé mardi
matin!
- J'ai acheté un "burlingue". J'avais besoin de laisser une trace de mon
passage et d'avoir un ou deux tiroirs où ranger le matériel que je vais
laisser ici. Départ sur la mobylette de Malick. Il m'emmène dans une
boutique de meubles d'occase, le long d'une voie (on appelle comme ça les
routes, ici) en direction du centre-ville. On a trouvé un superbe meuble,
châssis métallique, plateau et corps en bois, sur lequel un assistant a vite
fait deux couches de verni (ça sèche vite ici, en plein soleil!). Avec une
chaise, l'affaire a vite été négociée: 45'000 + 9'000 = 50'000 tout rond (un
peu plus de 100 francs suisses). On a ensuite négocié le prix du transport
avec le possesseur d'une charrette: bon pour 700 (moins de 2 francs
suisses). Ça fait très classe (voir photo)!
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Dernière après-midi de formation/découverte du Macintosh.
Hier j'avais tiré le portrait de mes plus fidèles élèves [en haut: ECLA, en bas: Afrika Link].
Voilà pour ce soir. Je vais aller casser une graine.
A bientôt,
avec toutes mes amitiés,
Gilbert Cujean
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... en séjour au Burkina Faso [:-3)=
<cujean@fasonet.bf> ou <delta.system@bluewin.ch>
Delta-System Sàrl, PO Box 77, CH-1312 Eclépens, Switzerland
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