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Note concernant mes photos de l'année 2000.
De : gilbert.cujean@wanadoo.fr
Objet : Burkina 2000 - Message 28
Date : 22 avril 2000 08:14:44 GMT+02:00
À : gc@deltalink.org
*** Ouahigouya, vendredi 21 avril 2000, 23 h 30
Mes chers correspondants,
Voilà près de deux jours sans nouvelles: mais que ce passe-t-il?
La fin de ma "récupération" (avant de récupérer des ordinateurs, je commence
par moi!), un peu de blues, vu ce qui se passe dans ma famille à 3000 km, et
certainement le fait que je vis sérieusement moins intensément depuis
quelques jours. Se battre contre la chaleur n'est décidément pas possible.
Quand la météo annonce 42°C, les mesures sont faites sous abri et ne
tiennent pas compte de la réverbération de la route, du soleil toujours plus
ou moins présent (en fait plutôt plus que moins!), ni de la radiation de ces
foutus toits de tôle que l'on trouve partout! Il faut compter 3 à 5 degrés
de plus pour s'approcher de la réalité... Le seul avantage de l'inconvénient
c'est qu'on n'est plus continuellement suant et dégoulinant: on s'évapore!
Mais quand on se relève d'une chaise, le fond du pantalon est trempe et je
ne suis pas énurésique [orthographe?] (pas encore du moins!).
[Je viens de m'apercevoir que dans mon dernier message je n'ai pas indiqué
que ma visite en brousse c'était à Mouni! Les lecteurs attentifs et/ou
fidèles auront rectifiés d'eux-mêmes.]
Alors voilà, je reprends la chronologie à jeudi matin:
D'abord, une visite de courtoisie à Bernard Lédéa Ouédraogo, maire de
Ouahigouya (ad intérim, en attendant les élections municipales qui ont été
repoussées à plus tard...) et président fondateur de la Fédération Nationale
des Groupements Naam (FNGN, coopératives agricoles). Si vous n'avez jamais
entendu parler de lui, vous ne lisez pas mes messages depuis longtemps ou
vous n'avez vraiment rien à voir avec le Burkina Faso! Il me reçoit
régulièrement comme "son sauveur" depuis que j'ai rétabli la connexion
Internet de la FNGN. Je lui apporte cette fois un courrier (avec une
cassette) de la part de Frank Musy, journaliste et animateur à la Radio
Suisse Romande. Ce dernier et cette dernière (qui s'appelle la Première!)
ont fortement contribué au développement de "La Voix du Paysan", radio
locale de la FNGN, par l'apport de matériel récupéré aux studios de
Lausanne.
Une brève visite ensuite à la station de "La Voix du Paysan", pour la suite
de ma mission de facteur. On émet ici sur FM de 5 h 30 à 23 h, tous les
jours, avec de petits moyens. Mais la radio est un peu comme chez nous dans
les années 50: on voit beaucoup de monde le transistor à l'oreille et nombre
de boutiques et bistrots sont sonorisés. Le seul problème, c'est qu'on
maximise plus le volume sonore que la qualité...
Le reste de la journée se passe tranquillement entre ECLA et le Colibri. Je
ne me sens pas encore bien à 100%.
Chez ECLA, je perds pas mal de temps à essayer en vain d'imprimer sur
l'unique imprimante de la maison (pour PC, bien sûr, mais j'ai un adaptateur
spécial qui semble lui aussi avoir été victime de la chaleur). Eux perdent
leur temps à rechercher, également en vain, le mot de passe de leur boîte
aux lettre Internet. Ce mot de passe est mémorisé dans leur ordinateur, mais
s'affiche comme ****** pour des raison de sécurité. On peut donc lire la
boîte aux lettre sans vraiment connaître ce mot de passe, introduit il y a
plus d'un an par un informaticien introuvable. La meilleure, c'est qu'on a
besoin de ce mot de passe pour le changer, car on se méfie que "beaucoup
trop de monde le connaisse" (sauf le vrai propriétaire, bien entendu!).
A part ça, je me suis économisé au maximum, passant de long moment à
somnoler ou à deviser calmement avec celui-ci ou celui-là. Tout le monde est
sympa chez ECLA, et il y a une quantité de femme et de jeunes filles toutes
plus belles les unes que les autres... alors tu t'assois à l'ombre sur la
terrasse et tu regardes passer! ;-)
---
Aujourd'hui, vendredi, j'ai de nouveau plus de venin.
On commence tôt (7 h 15) pour éviter la grosse chaleur. Petit cours
d'organisation de secrétariat pour deux secrétaires et un responsable
informatique. Gestion du courrier électronique: une secrétaire DOIT LIRE le
courrier (même confidentiel) de son patron; elle DOIT VEILLER à ce qu'une
réponse demandée soit envoyée dans les 24 heures au maximum; si aucune
réponse sur le fond ne peut être apportée dans ce délai, elle DOIT ACCUSER
RECEPTION du message, indiquer la cause et le délai prévu du retard, et
signer DE SON NOM; etc. Il faut aussi organiser le classement dans
différents dossiers, sous-dossiers, etc. Toutes ces choses ne vont pas de
soi ici. On a même fait un test en grandeur nature, en s'envoyant des
e-mails. Impeccable!
Si la récupération d'ordinateur ne marche pas, j'ouvre une école de
secrétariat!
Reprise à 16 heures pour l'organisation des boîtes aux lettres... sans plus
de succès qu'hier: celui qui devrait savoir ne sait pas; on a perdu la trace
du courrier confidentiel du fournisseur d'accès où figurait le mot de passe;
à l'Onatel, on ne répond pas ou alors n'importe quoi; bref, à 18 heures on
n'est pas plus avancés! Sauf que j'ai pris quelques photos du siège d'ECLA
et tiré le portrait de Godo, le responsable informatique (Godo, sans "t", ça
veut dire "vendredi" en morré. Mais avec le succès de la bibliothèque de
Mouni, sûr qu'on verra bientôt des Godot... ou des Becket!).
[N.B.-Le iBook sur le bureau du président, c'est le mien!]
A 19 h 15, on buvait une bière avec Abdoulaye dans la cour du Colibri.
A 200 mètres à l'église chrétienne (je dis pas "dans l'église" parce que
c'est dehors!), se déroule une messe mi-chantée, mi-hurlée mais complètement
sonorisée. A 100 mètres, mais de l'autre côté, les muezzins sont aussi à la
fête, mais eux c'est tous les jours, pas que le Vendredi-Saint [Pâques le
Vendredi-Saint?] avec force mégaphone. Le "melting-pot" sonore est déjà
gratiné, mais ce n'est pas tout. Dans la cour du Colibri, il y a la télé à
un joli volume et... un tas de monde se pointe: des hommes, des femmes, des
enfants, ils finissent par être une bonne quarantaine à 19 h 30, l'heure de
MARI MAR, le feuilleton brésilien le plus débile qu'on puisse imaginer,
mauvais scénario, mauvaise mise en scène, pas de décors, dialogues à hurler,
bref: Top Modèle ou Château-Machin puissance moins dix!
Mais quel succès! A Ouaga, si tu veux éviter les encombrements, déplace-toi
à 19 h 30! Et Abdoulaye qui me dit "tu penses à tout ceux qui sont à la
messe et qui SAVENT qu'il est 19 h 30!"... les magnétoscopes étant
rarisimes, je vois en tous cas que beaucoup de chrétiens ont une foi
profonde: ce soir c'est leur chemin de croix!
[Pour les Suisses romands: je vois assez bien d'ailleurs un dessin de Burki
ou Chappate avec Jésus portant une antenne de TV en forme de croix et tirant
une charette avec un poste branché sur Mari Mar, pour les spectateurs du
cortège!]
Ce soir c'était le rétablissement total: avec Abdoulaye on a été manger au
Dounia (restaurant libanais) après un Pastis au Caïman (ceux qui connaissent
apprécieront!). Un demi-poulet, des frites, une énorme salade verte avec
tomates, une mangue, une crêpe au sucre de la patronne, une grande bière...
formidable, et le tout pour deux personnes: 6'000 F CFA (moins de CHF 15.-).
Et les dernières nouvelles de Françoise sont meilleures: ses parents sont
tous les deux en maison de repos médicalisée. Elle respire un peu.
Il se fait vraiment tard, je vous laisse.
Ciao,
amicalement,
Gilbert Cujean
--
... en séjour au Burkina Faso [:-3)=
<cujean@fasonet.bf> ou <delta.system@bluewin.ch>
Delta-System Sàrl, PO Box 77, CH-1312 Eclépens, Switzerland
De : gilbert.cujean@wanadoo.fr
Objet : Burkina 2000 - Message 29
Date : 22 avril 2000 19:02:59 GMT+02:00
À : gc@deltalink.org
*** Ouahigouya, samedi 22 avril 2000, 17 h 30
Hello,
Je n'ai rien de spécial à vous dire depuis hier soir, mais comme j'ai un petit moment je vous envoie (enfin!) la photo de mon ami Moussa Bologo, président de ECLA, ainsi que des deux secrétaires "informatisées".

En plus, je vous pourrez voir dans l'en-tête de votre message les 38 adresses auxquelles est parvenue la série de message [non reproduites ici]. Comme ça si vous ne savez pas quoi faire, vous pouvez vous écrire des trucs! ;-)
Je vous souhaite à tous un bon dimanche de Pâques.
Demain, moi je "bouge" comme on dit ici: départ du car à 6 h 45. Lundi matin vers 9 h (heure suisse), si tout va bien, je devrais atterrir à Genève. Entre deux, je ne sais pas si j'aurais le loisir et les conditions techniques pour vous envoyer un nouveau message. Pendant 24 heures je suis un demi-SDF (ce qui paradoxalement est mieux qu'un SDF complet!).
Dans tous les cas, je vous informerai de mon arrivée... et une fois les photos de Mouni développées, je vous en enverrai quelques unes.
A bientôt donc, je vous apporte un peu de chaleur, préparez le pastis!
Amicalement,
Gilbert Cujean
--
... en séjour au Burkina Faso [:-3)=
<cujean@fasonet.bf> ou <delta.system@bluewin.ch>
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Objet : Burkina 2000 - Message 30
Date : 25 avril 2000 12:59:46 GMT+02:00
À : delta.system@freesurf.ch
*** Eclépens, lundi 24 avril 2000, 20 h 30
Bien chers amis correspondants,
Je suis de retour et en bonne santé!
La journée de samedi à Ouahigouya s'est passée sans grande aventure.
Le matin on a définitivement abandonné l'idée d'obtenir le mot de passe des
boîtes aux lettres électroniques d'ECLA et de RECORD (ECLA Ouaga).
Prochainement, ils feront résilier leurs abonnements et en concluront un
nouveau qu'ils géreront comme il se doit. La leçon est quand même bonne!
L'après-midi j'ai préparé mes bagages. C'est toujours la même question:
pourquoi les choses sont-elles si lourdes et volumineuses? Ai-je vraiment
pris autant de choses avec moi?... Sans parler des 2 kg (ou plus!)
d'arachides de la femme d'Abdoulaye pour Françoise et de la trentaine de
lettres à poster en Suisse, provenant des divers amis de mes amis...
Le soir, Issouf Ouédraogo (vulgarisateur agricole à la FNGN) me rejoint au
Colibri où je suis déjà avec Abdoulaye. On part manger tous les trois. Intéressante discussion sur tout et sur rien, de l'agriculture à l'école
burkinabè...
Plus tard, on fait un saut au Dancing de l'Amitié. Quelques adolescents
dansent sur la piste. La salle est vide. Il n'est que 22 h 30, mais il fait
trop chaud pour une "grande" soirée... et ce n'est pas la fin du mois! On boit un dernier verre au Caïman et puis... dodo, demain il faut se lever
tôt!
---
*** Eclépens, mardi 25 avril 2000, 9 h 30
[Hier soir, je m'endormais sur mon ordinateur, alors voilà... maintenant
j'ai récupéré, je continue mon récit.]
Dimanche matin, le premier car pour Ouagadougou est à 6 h 45. J'assiste au
chargement des bagages. Motos et moutons vont sur le toit... Oh! Hisse!

Le temps est couvert. A un moment, le pare-brise recevra même quelques
gouttes de pluie (!). Même pas de quoi le mouiller complètement. Trente
secondes après, tout s'est évaporé...
La route défile, monotone. On arrive à Ouaga à 9 h 30 environ. Mireille
arrive en voiture, on charge mes bagages et on se retrouve chez les Ganamé. Là, je procède à une nouvelle répartition de mes affaires: je n'emporte que
ma grosse valise et mon bagage de cabine; je laisse à Ouaga un attaché-case
métallique avec du petit matériel pour la prochaine fois. Il s'agit de
préparer la jaquette "polaire" et la veste pour la fin du voyage! Comme je
suis également délesté du matériel informatique laissé à Afrika Link ou à
ECLA (imprimante à jet d'encre, lecteur de CD-ROM, disque dur externe,
appareils de mesure, outils divers, etc.), j'ai la possibilité d'emporter un
colis de tissus et d'habits pour Karim et Mireille. Après une année
scolaire au Burkina, leur retour en Suisse s'approche et les kilos de fret
sont chers!
A 15 h 30, Mireille me mène à l'aéroport pour la consignation des bagages.
Je lui demande de faire un petit détour pour photographier la pancarte du
"Chalet Suisse": je voulais absolument vous envoyer ce dernier clin d'oeil
de Ouagadougou! [Voir les photos: d'abord une vue d'ensemble, puis plus
près, pour bien lire (la qualité de la photo n'est pas terrible, mais si
vous imaginez celle du fromage, par 40 degrés...)].
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Il est un peu plus de 16 h 30, je n'ai plus que mon bagage de cabine avec
mon ordinateur et mes habits chauds, je vais m'asseoir à une table, au bord
de la route qui longe l'aéroport. La bière passe bien et j'attends mon ami
Bologo. On a rendez-vous à 17 heures...
Un litre et demi de bière plus tard, il est 18 h 15. Entre-temps, j'ai fait
cirer mes godasse; j'ai marchandé longuement et finalement acheté à mon prix
quelques (jolies) bricoles à deux Touaregs superbes dans leurs habits du
désert; j'ai éconduit je ne sais combien d'enfants vendeurs d'oeufs (!):
mais comment pouvaient-ils penser que j'achèterais des oeufs, avec ma
couleur de peau, à 50 m de l'aéroport, et avec une valise à côté de moi? Je
me suis aussi fâché et j'ai chassé un adolescent vendeur de pacotilles qui
m'insultait parce que je ne voulais pas lui acheter ses vélos en fils de fer
ou ses bracelets hors de prix...
Mais toujours pas de Moussa Bologo!
Je me lève et me dirige vers l'aéroport pour chercher un téléphone... quand
je croise Abdoul Lingani (le responsable de l'atelier informatique d'ECLA). Bologo l'a appelé et l'a envoyé à 17 heures me dire qu'il aurait du retard. Seulement, pour Abdoul, l'aéroport c'est l'aéroport, c'est pas au bistrot en
face! Et ça fait une heure et demie qu'il me cherche alors que j'étais à 50
mètres et que je n'ai pas bougé... C'est aussi ça l'Afrique!
J'ai tout de même été appeler Salam Kaboré chez qui on doit se rendre, pour
l'avertir du retard. Pas de problème, c'est dimanche! Et voilà Moussa qui arrive. il est 19 h 15! Il est parti en retard de
Ouahigouya et en plus a le moteur de sa bâchée qui chauffe anormalement.
Mais on part tout de même chez Salam. Il fait nuit, la circulation est
toujours aussi dangereuse, avec beaucoup de véhicules sans phare (vélos,
mobylettes, etc.), borgnes, ou alors avec des phares super-éblouissants, ce
qui n'arrange rien! On croise 3 lieux d'accident avec des mobylettes
couchées au milieu de la route. A un endroit, c'est assez sérieux, avec 3 ou
4 véhicules impliqués et des personnes couchées. Chaque fois il y a un
attroupement, ce qui, avec la nuit, augmente le risque de nouveaux
accidents...
Abdoul Salam Kaboré et Moussa Bologo se connaissaient de réputation et
avaient eu une fois une brève discussion informelle. C'est à la demande de
Salam que j'ai organisé ce petit rendez-vous et je suis assez fier de les
présenter l'un à l'autre. Ils n'ont pas (forcément) les mêmes idées, mais
les deux ont contribué et/ou contribuent encore au développement de leur
pays. ECLA distribue déjà des médicaments génériques par une pharmacie de
Ouahigouya et veut faire de même à Ouaga; la Pharmacie du Progrès de Salam
diffuse déjà des génériques. A eux de développer une relation de concurrence
et/ou de collaboration pour l'avenir...
Michelle, la femme de Salam est sur le point d'accoucher. Par cette chaleur,
quel courage! Malgré les difficultés, son sourire fait plaisir à voir.
Retour à l'aéroport vers 20 h 30, dernières poignées de main et... ciao le
Burkina! A bientôt!
22 h 15. La moitié des passagers (dont moi) sont déjà dans l'avion quand le
personnel ferme les portes: on va déplacer l'avion, car il manque 40 mètres
de tuyau pour faire le plein! Ça ne s'invente pas! Alors, "fasten your seat
belt", mise en route des moteurs et départ pour un petit tour de piste. Je
pense à Grocq, le vieux clown, qui déplaçait le piano!
Le voyage est direct sur Bruxelles. No Comment. On se pose vers 6 h du matin. Il fait 6°C. A 7 h 30 nouveau départ vers Genève. Il y a aussi du
retard et ce n'est qu'à 9 heures que je peux enfin prendre ma femme dans mes
bras!
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Mon séjour est terminé. Merci d'en avoir partagé une petite partie en
suivant mes messages. Je vous tiendrai au courant de la suite et vous
enverrai quelques photos du Village de Mouni quand elles seront développées.
En attendant, je vous souhaite à tous bonne continuation, bonne santé et je
vous adresse mes très amicales salutations.
Gilbert Cujean
--
... de retour du Burkina Faso [:-3)=
<cujean@fasonet.bf> ou <delta.system@bluewin.ch>
Delta-System Sàrl, PO Box 77, CH-1312 Eclépens, Switzerland
P.S.- Comme d'habitude, j'aimerai bien recevoir un tout petit mot de chacun
d'entre vous qui a bien reçu la série de messages. Pour ne pas encombrer les
boîtes aux lettres, je supprimerai les adresses de ceux qui ne répondront
pas, supposant qu'ils ne sont pas intéressés... ce que je peux parfaitement
comprendre. gc
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