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De : gc@deltalink.org
Objet : Notes de voyage 01 - Juin 2001 - Départ
Date : 2 juin 2001 23:05:42 GMT+02:00
*** Cotonou, samedi 2 juin 2001
Chers amis,
Chers correspondants,
Bonjour,
Pas de message "zéro", cette fois. Mais pas de surprise non plus pour les
(nombreux) correspondants qui ne connaissent pas les épisodes précédents!
Petits rappels pour les "anciens" et quelques infos pour les nouveaux:
- Ces messages n'ont aucune prétention littéraire, ethnologique ni
journalistique. C'est même parfois un peu plat: il ne s'agit que
d'impressions de voyage et de relations de certains faits, marquants ou
insignifiants (mais, en Afrique l'insignifiant est souvent marquant...).
- C'est aussi ma mémoire écrite et je vous prie d'excuser les parties qui
pourraient être confuses ou inintéressantes pour des "non initiés".
- La fréquence d'émission n'est pas du tout garantie. Ici, envoyer un
message e-mail est toujours une petite aventure, même si mon expérience dans
le domaine commence à être bien établie.
- Que ceux qui désire me répondre n'hésitent pas (gc@deltalink.org), cela
fait toujours plaisir, mais n'incluez pas MON texte dans VOTRE message, svp. On gagne du temps de connexion, souvent peu performante.
- Quand l'occasion se présentera, je joindrai des images. Elles ne seront
pas faites pour être imprimées (qualité faible pour transfert léger sur
Internet).
- Ces informations n'ont rien de secret, vous pouvez les transmettre à
d'autres sans copyright, mais ne les tronquez pas non plus, svp.
- Enfin, si vous avez été mis sur ma liste d'adresses par erreur ou que vous
ne désiriez plus recevoir ce genre de messages, adressez-moi un message avec
votre adresse e-mail et le mot "SUPPRIMER" dans l'objet.
------
Passons maintenant aux choses sérieuses: le départ, hier 1er juin.
Comme pour chacun de mes voyages en Afrique, c'est levé avant 5h du matin
pour prendre le train à 5h50 à Morges et l'avion de 7h15 pour Bruxelles... Sauf que cette fois, la veille au soir il y avait l'Assemblée Générale de
DeltaLink suivie d'un film et des derniers préparatifs. La nuit fut donc courte!
45 minutes de retard au départ de Genève: Les transports aériens européens
peuvent encore faire des progrès! Et à Bruxelles on nous dépose à presque 10
minutes de bus de l'aérogare!
Heureusement, mon ami André Jadot est là pour un petit café devenu
"traditionnel" entre deux avions. Brève rencontre car il faut passer la
douane belge à l'aller et refaire les contrôles de police et de sécurité au
retour, puis marcher des kilomètres jusqu'à la porte B30 d'où part mon
vol... avec une heure de retard à 11h40!
L'Airbus 330 est bondé, comme d'habitude sur l'Afrique de l'ouest, même que
c'est un autre vol: j'avais toujours pris le Bamako-Ouagadougou, cette fois
c'est l'Abidjan-Cotonou. Près de 6 heures plus tard, à 16h30 locale, on se
pose à Abidjan, en ayant presque rattrapé le retard.
On relâche les trois quarts des otages.
Je mets le nez à la porte de l'avion: il fait 26° et l'humidité de l'air est
terrible. Renseignement pris, il a plu 3 heures durant cet après-midi, "...
et verticalement!" me dit le technicien de passerelle. On imagine les
rideaux!
Après une heure d'escale et une nouvelle heure de vol, on se pose sans
problème à Cotonou à la tombée du jour... à 18h40, comme prévu! Récupération
des bagages, douane expresse et... 3 écriteaux CUJEAN sont brandis sous mes
yeux!
Pour ceux qui ne le sauraient pas, c'est la première fois que je mets les
pieds au Bénin et je n'y connais encore personne... sauf par e-mails
interposés. Il y a du monde pour me recevoir: l'équipe TerrEspoir et DCAM
avec David Doussoumi, Léonce Laourou et Marc Nounagnon, d'un côté et
l'équipe ICAD de l'autre, avec Joseph Tonin, Etienne de Souza et deux autres
qui nous ont assez rapidement quitté. Je vous en dirai plus sur ces
organisations à l'occasion. Il y avait deux voitures. Celle de DCAM est un
break suffisant pour 4 personnes et mes bagages: direction l'Hôtel CALOS.
Après avoir déposé mes valises, on est allé se désaltérer et discuter dans
un maquis où l'endroit le moins bruyant était... sur la berme centrale de
l'avenue, par ailleurs assez fréquentée! Plus près du bar, impossible de
s'entendre à cause du volume de la sono! Il fait bon (entre 25 et 30 degrés)
et il y a pas mal d'humidité dans l'air.
Pendant un voyage comme celui-ci, on ne fait rien ou presque, on est assis
en permanence... et on arrive crevé. Cherchez l'erreur! On n'a pas fait tard
et avant minuit (1 heure en Suisse) je dormais...
------
Si ce message vous parvient dans les temps, cela tiendra du miracle: un
premier essai de connexion à Internet (dans un cybercentre) a donné des
résultats catastrophiques, pires que tout ce que j'ai connu jusqu'à
maintenant au Burkina. Mais j'ai pas dit mon dernier mot!
Avec mes amitiés à tou-te-s,
(je vous avise que je n'orthographierai pas tous les mots séxués comme ça,
car je n'aime pas cette méthode),
Gilbert Cujean
--
... en voyage en Afrique [:-3)=
Date : 3 juin 2001 16:17:49 GMT+02:00
De : gc@deltalink.org
Objet : Notes de voyage 02 - Juin 2001 - Cotonou
*** Cotonou, dimanche 3 juin 2001
Bonjour,
Journée "découvertes" pour moi, hier à Cotonou. Accompagné tour à tour par
David Dossoumi (TerrEspoir) et Joseph Tonin (ICAD), j'ai passé ce samedi à
prendre contact avec la capitale économique du Bénin (la capitale politique
est Porto-Novo, à quelques kilomètres à l'est de Cotonou), et à faire plus
ample connaissance avec mes hôtes.
À 10 heures j'avais rendez-vous avec mes guides pour faire le projet de la
journée. Joseph est arrivé avec une heure de retard (panne de moto!), ce qui
m'a permis de parler un peu avec David. TerrEspoir est une organisation de
commerce équitable orientée fruits et légumes "bio". David coordonne les
activités pour le Bénin. On en est qu'au début et le problème actuel est
l'emballage: les cartons sont hors de prix car ils doivent être importés.
Que viens faire David et ses ananas dans l'histoire de DeltaLink, me
direz-vous? Mais c'est parce qu'un de ses "petits frères", Léonce Laourou,
est "maintenancier" en informatique et qu'il désire revendre du matériel de
chez nous! Comment a-t-il connu DeltaLink? Par le réseau de relations
croisées qui fonctionne de mieux en mieux: Olivier M[...] (membre de la
Commission d'éthique de DeltaLink) est animateur de TerrEspoir en Suisse
romande... la boucle est bouclée.
Où la relation devient intéressante (hormis le côté amical), c'est que David
pourrait servir d'agent commercial de DeltaLink à Cotonou, s'occuper de
prospection, de "dégroupage" de commandes (plusieurs petites commandes dans
une palette), et même éviter des transferts inutiles de fonds avec la
Suisse: TerrEspoir Suisse paye DeltaLink qui envoie des ordinateurs au
Bénin; les clients de DeltaLink payent TerrEspoir Bénin qui envoie ses
fruits en Suisse! C'est encore de la musique d'avenir, mais on peut y
penser! Associé à Léonce pour la technique, les choses deviennent jouable.
On doit en reparler ces prochains jours.
Dès 11 heures, c'est Joseph qui prend le relais. Il m'apporte ce que je lui
avais commandé hier soir: une carte SIM pour mon téléphone mobile. Tout
marche immédiatement. Avis au amateurs: mon numéro (jusqu'à jeudi
seulement!) est le +229 / 01 71 83.
Ce qui a moins bien marché par contre, c'est Internet! Dans un des
principaux Cybercentres de Cotonou et fournisseur d'accès, FirstNet, il
n'est pas question de connecter mon portable au réseau pour de sombres
problèmes de sécurité. L'accueil est plus favorable dans une ONG, ORIDEV,
qui s'occupe de NTIC (Nouvelles Technologies de l'Information et des
Communications) en relation avec le Développement: je me branche au réseau
local, on paramètre la connexion sans difficultés et... rien, ou presque! Je
n'ai jamais vu une connexion aussi lente; même au Burkina en 1997, alors que
le pays entier n'avait qu'une ligne à 128 kbs sur un satellite (la vitesse
que je peut obtenir chez moi à Eclépens!), les choses se passaient mieux.
Par exemple, il faut cinq bonnes minutes pour afficher la page d'accueil de
notre site. Envoyer un message de test prend le même temps. Pour ceux qui
parleraient technique, j'ai fait des tests: rafales de 10 pings à 1 seconde
d'intervalle. Sur le DNS du fournisseur d'accès au Bénin: 8 sont entre 0.1
et 1.3 secondes, 2 sont à plus de 3 secondes! Sur le DNS de Freesurf en
Suisse: 2 sont à 3.5 secondes et 8 sont à plus de 15 secondes!!!
Dans ces conditions, il est impossible de lire son courrier (il y a rupture
de communication par absence de réponse assez rapide --Timeout--). Pour la
même raison, il est également impossible d'accéder à une connexion sécurisée
comme YellowNet (compte de chèques postaux). Il parait que le soir ça va
mieux, alors rendez-vous à 20 heures!
Entre-temps, Joseph a eu le temps de me montrer les locaux de son
entreprise: un futur Cybercentre, mais prévu avec liaison directe sur
satellite... on comprend pourquoi! Il veulent devenir fournisseurs d'accès
et vu la situation, je pense qu'il y a de l'avenir! Actuellement, ils
commercialisent des services et des accessoires GSM (pour les téléphones
cellulaires). Un truc qui a un certain succès actuellement: les cabines
téléphoniques à portable! C'est une mini baraque d'environ 1 m2, un peu
comme une cabine de douche en bois, peinte en blanc avec décorations de
couleurs vives où un opérateur loue un téléphone portable à ceux qui veulent
appeler. On mesure toute la différence d'un pays où les télécommunications
sont plus chères que la main d'oeuvre!
Vers 16 heures, après une pause à l'hôtel, David reprend le témoin! Cette
fois, c'est la balade en moto. J'ai oublié de vous dire que le matin, c'est
aussi par ce moyen de transport que nous avions sillonné la ville en tous
sens. Maintenant, nous partons en direction de l'est. La ville de Cotonou
est très étendue. Les bâtiments sont souvent espacés et bas, 1 ou 2 étages.
Il fait bon, vers les 30 degrés je pense, et le soleil est un peu atténué
par quelques filets de nuages. Jolie virée, en partie hors de la circulation
infernale et de la pollution incroyable des gaz d'échappement. On passe par
le bord de mer: superbe plage de sable fin, avec presque personne. C'est la
première fois que je respire l'air de la mer en Afrique. Ça fait tout drôle
quand on a l'habitude de la sécheresse de l'Harmattan...

Le moyen de transport majoritaire et de loin à Cotonou est le mototaxi.
Comme son nom l'indique, c'est une myriade de petites motos, genre mobylette 50 cm3, pilotées par des types avec une sorte de blouse jaune avec un numéro
dans le dos. On tend la main et il y en a un qui s'arrête pour vous prendre:
petit trajet 100 F CFA, grand trajet 200. On roule comme des fous, mais avec
un sens absolument incroyable de l'équilibre et de l'anticipation. Chez
nous, il y aurait des dizaines de morts par jour! Vu mes accompagnants, je
n'ai pas de véritable expérience de ces transports, mais c'est au moins
original!
À 20 heures, Internet ne fonctionne pas mieux chez ORIDEV. Après
négociation, j'obtiens qu'ils me dévoilent les paramètres de leur connexion
téléphonique (pas celle du réseau local). De retour à l'hôtel, vers 22
heures, je peux enfin: 1) envoyer le message numéro 01;
2) consulter l'état
du compte de DeltaLink qui attend un payement;
3) lire 5 messages sur les 12
qui m'attendent.
Et cela a pris 37 minutes de connexion, montre en main! La
durée normale aurait été de moins de 2 minutes.
Bref... Dernière partie de la journée: Le Titanic! Il s'agit d'une terrasse
sur le toit d'un immeuble de deux étages, au bord de la lagune de Cotonou.
C'est à nouveau Joseph qui m'accompagne, avec sa fiancée, cette fois. La
soirée commence vers minuit: orchestre local vraiment super avec une bonne
dizaine de musiciens, chanteurs et chanteuses. Ça bouge bien sur scène, le
steack de boeuf est succulent, la bière est fraîche, et l'air du large
arrive jusqu'à nous... Que demande le peuple?
À la prochaine,
bien amicalement,
Gilbert Cujean
--
... en voyage en Afrique [:-3)=
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Association DeltaLink: <http://www.deltalink.org>
Date : 4 juin 2001 12:33:08 GMT+02:00
De : gc@deltalink.org
Objet : Notes de voyage 03 - Juin 2001 - Dimanche
*** Cotonou, lundi 4 juin 2001
Hello,
Vingt-trois minutes trente secondes, c'est la durée de la communication téléphonique de ma dernière connexion Internet depuis la réception de l'hôtel (facture env. CHF 10.-: je vais chercher une autre solution!). Et tout ça pour envoyer péniblement le message précédent et en recevoir 9...
dont 8 étaient à détruire immédiatement!
Je vous mets une photo de l'hôtel, juste pour vous prouver que je ne suis ni
dans un bouiboui ni dans un cinq étoiles! Mais c'est quand même d'un luxe
dont je n'ai pas l'habitude en Afrique: propre, avec serviette de bain et
savon fournis. Et les draps sont changés tous les deux jours! Trop quoi!
À part ça, ce dimanche de Pentecôte a été pénard.
Je me suis baladé à pied
dans le quartier, autour de mon hôtel. C'est évidemment plein de monde
partout et la circulation sur les grandes artères est très dense, fumante et
klaxonnante. Ces avenues sont assez larges, pavées ou goudronnées, et les
plus importantes ont une berme centrale. Rouler à contresens n'est
apparemment pas vraiment interdit, si on le fait prudemment, bien sûr! Les
croisement non munis de feux se jouent à la "dégonfle": celui qui hésite et
ralentit trop a perdu! Si tu fonces c'est l'accrochage à coup sûr. Quel
sport: tous les joueur sont de classe internationale! On a envie de crier
"olé" à la fin de certaines passes...
Je ne dois pas me perdre, je n'ai pas encore pu acheter de plan de la ville,
connais mal son schéma et les "vons" se suivent et se ressemblent. Les
"vons" [nom féminin], comme on les appelle ici, sont ces rues qui
quadrillent les quartiers urbains en "carrés" de 40 à 100 mètres de côté.
Elles sont évidemment en terre et joliment défoncées, créant d'énormes
flaques d'eau, alors même qu'il n'y a pas plu depuis 48 heures. Piétons,
deux-roues et voitures slaloment entre ces trous d'eau, les stands
provisoires de petits marchands et les tas de gravas destinés à la future
réparation du sol. Le bal est étrange. Vu la hauteur (ou la profondeur!) des
inégalités de terrain, c'est une sorte de danse amoureuse en trois
dimensions où les véhicules se dirigent les un vers les autres en ondulant,
s'évitent au dernier moment, se frôlent, puis se quittent pour retrouver un
autre "partenaire" un peu plus loin, et ainsi de suite. Le tout au ralenti,
comme dans les films de Lelouch!
Il fait assez chaud et lourd, même en adoptant la démarche africaine, on a
vite soif! Je m'arrête dans une buvette ombragée. Il n'y a que deux tables
et je me retrouve à celle d'un type qui sirote tranquillement sa bière.
Comme c'est l'habitude ici, son téléphone mobile est posé en évidence sur la
table. On ne tarde pas à faire connaissance. Il est déclarant en douane et
mes partenaires importent le matériel de DeltaLink... on échange nos cartes.
La discussion s'élargit vite à la table voisine. Chouette moment pour
prendre l'ambiance du pays.
C'est le déclarant qui règle les consommation. Il insiste pour m'amener chez
lui, il habite à deux pas. Père de 4 enfants dont un est décédé en bas âge,
il me présente sa famille. J'ai bientôt compris où il voulait en venir: il
travaille beaucoup avec des importateurs de véhicules (Nigérians,
principalement) et aurait aimé "faire des affaires". Malheureusement, c'est
pas sur moi qu'il peut compter pour ça, mais s'il a essayé, c'est tout de
même significatif de l'ambiance générale de ce commerce... qui est loin
d'être équitable! Je prends une photo de famille: Georges Babagbeto avec
Néron, Lisette et Géronte (!). On remarque l'absence de la maman...
En fin de journée, j'ai retrouvé David. On a mangé au Pili-Pili, un "maquis"
impeccable dans le quartier près du port. Joseph nous a rejoint avec un ami
togolais. On a été boire un verre à "L'escale de la Diaspora" (je vous dis
ça juste pour le nom!). En fait, c'est le nom d'un minibus autour duquel il
y a quelques tables et chaises en plastique, dans le square de la Place des
Martyrs. Cool!
------
De votre côté, j'espère qu'il ne neige pas trop bas et que les pommades
bronzantes se vendent bien!
Amitiés,
Gilbert Cujean
--
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Date : 6 juin 2001 00:34:31 GMT+02:00
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Objet : Notes de voyage 04 - Juin 2001 - Contacts béninois
*** Cotonou, mardi 5 juin 2001
Hello!
Lundi de Pentecôte en Suisse, c'est comme un dimanche. Ici, les bureaux et
administrations sont fermés, mais tous les commerces de rues et les
indépendants travaillent normalement, comme ils le font 7 jours sur 7 tout
au long de l'année.
J'ai fait connaissance avec Léonce Laourou, formateur et "maintenancier" en
informatique, ami de David Dossoumi. Il était à l'aéroport vendredi dernier,
mais on l'avait perdu dans les embouteillages suite à un problème technique
sur son "engin" (traduisez: vélomoteur P50). Il a une petite structure et
serait intéressé à importer notre matériel, le problème est le premier
financement. C'est un type sympa et modeste. Comme c'est le seul de mes
contacts ici à ne pas avoir de téléphone cellulaire (!), je lui donne un
superbe Nokia 3110 pour rétablir l'équilibre. Merci Nicole, merci Privatel
(pub gratuite!).
Petit intermède Internet: vu le prix du téléphone depuis la réception de
l'hôtel, je me pointe dans un Cybercentre du quartier, mais on refuse que je
me branche sur leur réseau. À deux pas de là, il y a une épicerie avec une
cabine téléphonique équipée d'un télétaxeur. Il faut négocier assez
longuement pour convaincre le propriétaire de planter la prise de mon iBook
à la place de son appareil téléphonique, mais on finit par s'arranger. La
cabine fait bien 60x60 cm au sol et il n'y a pas assez de place pour
l'ordinateur et moi! [Voir la photo.] Durant les 13 minutes (à 100 F CFA)
que dure la connexion, c'est un peu l'attraction. La boutique est grande
comme 3 cabines téléphoniques, je vous laisse faire le calcul de la surface
disponible par individu, sachant qu'on est 3 de mon côté, 2 de celui de
l'épicier, plus les spectateurs! Et c'est comme ça que vous avez eu le
message 03! Après démontage de l'installation et règlement des comptes, et à
l'annonce de ma prochaine récidive, le patron de la boutique a demandé que
les Béninois qui m'accompagnent amènent leur carte d'identité. Peut-être
qu'ailleurs en Europe, tout aurait commencé par là... et serait-on allé plus
loijn? Imaginez un instant le Béninois escorté de deux inconnus qui voudrait
se connecter avec un portable au téléphone du bistrot du coin...
Le premier partenaire de DeltaLink au Bénin, c'est ICAD. "Imaginer et
Construire l'Afrique de Demain" est une association constituée au départ en
Suisse par M. Edgar Gnansounou, Béninois établi dans notre pays depuis 23
ans et professeur à l'École Polytechnique Fédérale de Lausanne. Constituée
par des membres influents de la diaspora africaine multinationale, cette
société a pour but premier d'exercer un intense lobbying auprès des
institutions politiques de divers pays d'Afrique pour les amener à gérer en
douceur la transition vers la démocratie. Exemples d'actions concrètes:
Il y a un peu plus d'une année (sauf erreur), au Sénégal, le président en
place (M. Diouf) était confronté au candidat de l'opposition (M. Wade). La
méfiance était de rigueur et chacun accusait l'autre de malversations (rôle
des électeurs trafiqué, pressions et menaces physiques envers certains
groupes de populations, etc.). ICAD est parvenu à amener le débat sur la
place publique (presse, TV), à mobiliser la société civile, et à finalement
faire signer aux deux candidats une charte où il annonçaient leur intention
de respecter le verdict des urnes. Les opérations de votes ont été
contrôlées par des délégués des deux camps et finalement Wade a été élu et
Diouf a cédé le pouvoir... et le Sénégal a fait un grand pas vers la
démocratie.
Rebelote au début de cette année 2001 au Bénin, cette fois! Une histoire
compliquée de 2 anciens présidents, un en place et l'autre sur le retour qui
se disputent les voix des électeurs, en compagnie de 9 autres candidats de
moindre importance. Vu les circonstances et la déterminations de certains,
on frise le coup de force. ICAD arrive à organiser un forum avec tous les
candidats et là aussi, on signe une charte, sous la pression des
représentants de la société civile! Actuellement, ce n'est peut-être pas
celui que les intellectuels béninois voulaient qui est au pouvoir, mais il
n'y a pas eu de violence et les fraudes ont été maintenues dans des
proportions qui n'influençaient pas le résultat.
Tout ça est assez impressionnant pour être relevé et on se prend à rêver
d'une telle action de la part de la diaspora ex-yougoslave, par exemple...
Autre volet de ICAD: l'aide au développement et à l'accès aux nouvelles
technologies de l'information et de la communication (NTIC, c'est la
dernière fois que je l'écris en toutes lettes!). L'idée est de développer
des "Infothèques" pour palier au mauvaises performances et au coup élevé des
accès à Internet. Il s'agit de monter un centre d'une quinzaine de machines
en réseau, avec un serveur Intranet (en fait un Internet privé). Sur ce
serveur seront chargés, par des CD gravés par ICAD en Suisse, les principaux
sites d'informations relatives aux programmes scolaires ou universitaires.
L'accès à ces informations sera très performant puisque local, les
connexions vers Internet étant réservées aux demandes exceptionnelles. Si la
demande pour un certain site est forte, il sera téléchargé sur un CD et
diffusé localement. On a pas l'interactivité d'Internet, mais je sais
maintenant qu'ici c'est de toute façon assez illusoire, alors...
Deux palettes avec 15 PC, un serveur, une imprimante et du matériel réseau
sont parties de DeltaLink et arriveront ici avant la fin du mois. Je fais donc connaissance avec les gens d'ICAD Bénin, qui sont aussi
associés dans une structure commerciale: CAFRID Sàrl (Compagnie Africaine de
Développement). Outre Joseph Tonin et Etienne de Souza, il y a Damien Mama
et Orphée Djibom. Ce dernier sortait précisément de la première partie de
son examen de certification CISCO (matériel et logiciels d'interconnexions
de réseaux de toutes tailles).
J'ai déjà parlé de l'activité de cette société (cabines téléphoniques
"portables", cybercentre par satellite en préparation). Ils désirent aussi
revendre du matériel et apporter des services généraux en informatique.
Ces gens sont remarquables: ils doivent avoir entre 25 et 30 ans, ont fait
des études qui leur permettraient certainement de faire de la politique ou
des "affaires" à un niveau très lucratif. Ils ont choisi de contribuer à
développer leur pays par les NTIC, en faisant du commerce et en offrant des
prestations de qualité... pour gagner leur vie, bien sûr!
Mais ce n'est pas le seul but et là on est exactement sur la même longueur
d'onde!
La soirée s'est terminée avec un fantastique concert de jazz au Centre
culturel français de Cotonou. Je ne me souviens pas du nom des musiciens,
tous Béninois, sauf le guitariste Lionel Gilles Louéké dont on risque fort
d'entendre parler sous peu: il revient des USA avec un diplôme de l'école de
jazz de Berkley et un premier prix de celle de Los Angeles. C'est un grand
musicien et les autres (trompette, basse, batterie) n'étaient vraiment pas
loin derrière!
------
La suite... au prochain numéro, ciao!
Gilbert Cujean
--
... en voyage en Afrique [:-3)=
E-mail: <gc@deltalink.org>
Association DeltaLink: <http://www.deltalink.org>
Date : 7 juin 2001 00:52:37 GMT+02:00
De : gc@deltalink.org
Objet : Notes de voyage 05 - Juin 2001 - Changement de programme
À : info@deltalink.org
*** Cotonou, mercredi 6 juin 2001
Bonjour,
Mardi a commencé par une tentative de connexion à Internet qui a duré 10
minutes et où je n'ai rien pu envoyer ni rien pu lire non plus. Nouvel essai
vers 20 heures: idem après 5 minutes. J'abandonne et ce n'est qu'un nouvel
essai à 23h30 qui sera fructueux. Vous avez donc été privés de votre épisode
quotidien dans les délais habituels... et même la nuit, en 35 minutes de
connexion, je n'ai pas pu lire la totalité de mon courrier. Il faut dire que
certains de mes fournisseurs m'envoient leur liste de prix, ce qui
représente des fichiers joints relativement gros.
Dans la journée, j'ai visité la "structure" de Léonce Laourou, l'ami de
David. Cela s'appelle la Centrale Plus et ça consiste en un local en ciment
de 20 m2 avec un toit en tôle (il y fait donc environ 10° de plus qu'à
l'extérieur!). L'aménagement est sommaire, mais il est prévu un faux
plafond, une enseigne lumineuse, une devanture vitrée, un coup de peinture,
etc. Le téléphone est demandé depuis longtemps, mais jusque là les télécom
n'ont pas donné signe de vie... Bref, il s'agit d'un gros morceau de devenir
à l'africaine! Espérons seulement que Léonce, qui est tout plein de bonne
volonté et à l'air sérieux, arrive à ses fins et vite! Il y a 3 PC 486 pour
la formation, une table de travail pour les réparations, une banque avec 3
écrans à vendre. Pour le reste, il fait de la maintenance sur site.
Dans la discussion, j'ai appris qu'il prospecte les clients principalement
par contacts directs et un peu par la presse (je n'ai pas encore pu voir
d'exemple), mais en ce qui concerne la vente, il ne prospecte que quand il a
quelque chose en stock... autant dire rarement. On arrive de nouveau sur
cette façon africaine de commercer, uniquement dans le concret, sans pouvoir
prévoir, combiner, anticiper, voire influer sur les demandes des clients.
Léonce m'a procuré les numéros de téléphone de quelques journaux et grandes
imprimeries de Cotonou, pour la prospection Macintosh.
L'après-midi entier, de 15 à 18 heures m'a été nécessaire pour:
- Constater que le vol Cotonou-Bamako (via Abidjan) de Trans-Air Bénin, sur
lequel je croyait avoir réservé une place à distance par une agence
malienne, n'existait pas le vendredi, mais le jeudi et le dimanche
seulement, et pour 135'000 F CFA au lieu des 115'000 promotionnels annoncés.
- Apprendre qu'avec Air Afrique je serais obligé de passer une nuit à
Abidjan (exclu, et je n'ai même pas de visa!).
- Prendre connaissance des conditions extravagantes d'AIr Burkina: le vol
Cotonou-Bamako du samedi, avec escales à Accra, Ouagadougou et
Bobo-Dioulasso, pour 204'700 F CFA! Pour l'usure des pneus, la différence de
prix?
- Décider de partir jeudi, même sans avoir pu contacter mon ami Dominique
Guindo qui doit m'accueillir à Bamako.
- Retourner chez Trans-Air Bénin pour acheter un billet, soigneusement
rempli à la main et "tamponné"!
Je lèverai donc l'ancre jeudi après-midi plutôt que vendredi matin. Cela me
fait supprimer une visite à un village lacustre et aux lieux de départ des
premiers esclaves pour l'Amérique. Dommage, mais pas capital pour moi, les
lieux touristiques, ce n'est pas ma tasse de thé.
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[...]
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Pas transcendant, ce message, mais je vous avais averti, il y a des jours "sans"!
Amitiés,
Gilbert Cujean
--
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