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Date : 8 juin 2001 01:14:10 GMT+02:00
De : gc@deltalink.org
Objet : Notes de voyage 06 - Juin 2001 - DCAM etc.
À : info@deltalink.org
*** Cotonou, jeudi 7 juin 2001
Bonjour à tous,
La journée d'hier, dernière complète à Cotonou, aura été très intéressante
et porteuse d'espoir pour l'avenir.
À 10 heures tapant le chauffeur de DCAM venait me prendre à l'hôtel.
"Développement Communautaire et Assainissement du Milieu" est une ONG
béninoise dont le nom explique bien les buts. Avec une quarantaine de
permanents, cette association gère plusieurs projets sur mandat, financement
ou supervision d'organisations d'aide au développement en provenanve
d'Europe ou directement du gouvernement. Le Service Chrétien d'Animation
Rurale (SCAR) à Bussigny, animé par Olivier M[...], est en contact avec DCAM
et avait parlé de DeltaLink. Le directeur de DCAM, Raphaël Edoun, me reçoit
et m'explique leur mission et leur origine: l'hôpital de la fondation
Bethesda (médecine curative) a engendré DCAM dans un but de médecine
préventive, donc d'assainissement et d'hygiène. Les tâches se sont ensuite
élargies à des activités connexes. Ils ont ainsi soumissionné et décroché la
direction du Projet de Gestion Urbaine Décentralisée (PGUD), action pilote
de la ville de Cotonou dans le domaine de la prise en charge des tâches
communautaires dans les quartiers, par les habitants. Ils ont besoin de
matériel informatique pour compléter leur parc et fournir certains
collaborateurs. Marc Nounagnon (qui était dans le comité d'accueil vendredi
dernier à l'aéroport) me fait ensuite faire le tour de quelques lieux.
Le siège de l'ONG où nous nous trouvons regroupe l'administration. Le
matériel informatique actuel, tous sites réunis, est de 13 PC. Il s'agit de
bon matériel, assez moderne (Pentium 233), mais il n'y a pas de réseau.
On fait un crochet par la "banque", petite structure d'épargne et de crédit
pour clients modestes (de 20'000 à 5 millions de F CFA = 45.- à 12'000.-
francs suisses).

Nous arrivons ensuite à AGRIPLAS, Centre de Récupération et de Recyclage des
déchets Plastiques. Sur une surface d'environ 3 à 400 m2 en partie couverte,
et dans un vacarme assourdissant, trois ouvriers travaillent sous la
direction d'une gérante de projet. Petite note: une dizaine de femmes
travaillent pour DCAM (sur les 40 permanents), mais toutes sont des cadres!
Elle nous présente son activité: Dans le contexte général de DCAM et du
PGUD, les ordures ménagères sont collectées 2 fois par semaine (coût pour le
ménage: 1000 F CFA/mois). Ce matériel est entassé dans une grande décharge
(que je n'ai pas vue, malheureusement) et trié par une centaine de
travailleurs occasionnels. Ces derniers séparent les différents produits en
vue de compostage et de recyclage, entre autre les plastiques qui
aboutissent à AGRIPLAS. Ici on sépare encore les plastiques injectés durs
des autres, genre sacs ou flacons "mous", puis par couleurs. La matière dure
est ensuite broyée dans une machine dont le bruit est vraiment infernal. Les
ouvrier se protègent les oreilles par un peu de coton, autant dire rien!
[Je
pense qu'on pourrait bien mettre 3 ou 4 paires de protections auriculaires
(genre tankiste) dans notre palette d'informatique!]
Les granulés obtenus
sont vendus (à perte!) au Nigeria voisin qui recycle ça dans la fabrication
de gaines pour câbles et autres contrefaçons dont ils sont les spécialistes
absolus. Le plastique mou est traité un peu de la même manière, sauf qu'il
est lavé puis fondu pour former des granulés. Quantité totale traitée, tous
types confondus: près de 4 tonnes par mois.
Dans la cour de l'entreprise, on procède à des essais de recyclage de
cartons et papiers: détrempage, mélange à de la sciure ou du charbon de bois
et pressage en bûchettes cylindriques. On espère convaincre des utilisateurs
de consommer ce combustible plutôt que des arbres... au prix de quelle
pollution? Mais tous les problèmes ne peuvent pas être résolus d'un coup!
On termine la tournée dans le bureau de Marc où nous spécifions la dizaine
de machine que DCAM veut nous commander. Reste à faire l'offre définitive en
fonction de notre stock (dès mon retour). Ils n'ont pas de problèmes de
liquidités pour cet achat, c'est déjà une chose!
En début d'après-midi, Léonce tenait à me présenter son grand frère qui
travaille au Ministère des Finances. Ils m'ont attendu 2 heures, on a
"échangé" durant 20 minutes... et tout le monde était content!
On a reparlé et précisé les conditions de collaboration entre DeltaLink
d'une part et David et Léonce de l'autre (Ets Centrale Plus). Il ne leur
manque que le financement initial, mais ça c'est leur problème. Pour notre
part, le geste est fait: un crédit sur 50% du matériel, l'autre moitié et le
transport demeurant payés d'avance. Une commission est prévue pour la
prospection et/ou le regroupage de petites commandes sous leur responsabilité. Première affaire concrète et "cash": je leur vends 8 des 12
barrettes de mémoire (32 MB EDO) que j'ai prises avec moi. Ça couvre presque
le billet d'avion pour Bamako!
Avis au futurs visiteurs de Cotonou: La dorade façon pêcheur de chez "Maman
Bénin" est plus qu'acceptable!
J'ai commencé à refaire mes valises, en attendant 23h30 et mon rendez-vous
avec Internet. Il n'a pourtant pas beaucoup plu, mais les bagages
rétrécissent quand même!
À l'épicerie-téléphone, après 40 minutes de
connexion, j'avais reçu quelques messages et envoyés les miens. Le message
05 que vous avez reçu par ce transfert à échoué 2 fois avant de passer au
troisième essai: chaque fois plus de 10 minutes! Bon, vous êtes 65 à
recevoir mes élucubrations, mais tout de même, c'est lent!
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À demain j'espère, pour la suite du programme!
Je pense que ce message partira de Bamako jeudi soir ou vendredi matin.
Bien amicalement à tous,
Gilbert Cujean
--
... en voyage en Afrique [:-3)=
Date : 8 juin 2001 21:20:14 GMT+02:00
De : gc@deltalink.org
Objet : Notes de voyage 07 - Juin 2001 - Au revoir Cotonou!
À : info@deltalink.org
*** Bamako, vendredi 8 juin 2001
Chers amis,
Hier, jeudi, dernier jour à Cotonou et la pluie pour me dire au revoir!
En effet, alors qu'à 10 heures, je devais me rendre à l'ONG qui m'avait
"prêté" ses codes d'accès à Internet, une pluie assez forte s'est mise à
tomber, transformant rapidement les "vons" en ce qu'on appellerait
volontiers chez nous des "zones humides": successions d'immenses flaques
marécageuses entrecoupées de bancs de sables. Le problème est que la faune
indigène est mal adaptée à cette situation: animaux, humains et véhicules
n'ont pas de protections naturelles imperméables, comme souvent en Europe... et ici c'est les arbres qui sont pourvus de palmes (... et encore au mauvais
endroit!). Au secours, Darwin, ta théorie fout le camp!
Trêve de plaisanterie, si je ne peux pas aller aux autres, les autres
viennent à moi! Et à peine la pluie ralentissait que Béthel, l'ingénieur
"système" qui travaille pour cette ONG me rejoignait. Il est en passe de
quitter son job actuel pour se mettre à son compte et est fortement
intéressé par notre matériel. Intéressant échange d'informations qui
pourrait bien donner des résultats à la fin de l'été.
Derniers préparatifs de bagages et il est déjà 13 heures. David est précis
au rendez-vous. On part en mobylette dans les fameuses zones humides, à la
recherche d'un taxi. Pas facile, les seuls où il y a moins de 6 personnes
sont chargés, coffre et siège arrière, par une tonne de ferraille, des
plaques d'Eternit, des balles de foin ou des sacs de céréales. On trouve
enfin la rareté qui va déposer les clients actuels et revient "dans 10
minutes à l'hôtel Calos"... et qui tient promesse!
Il était impératif, selon Trans Air Bénin, d'enregistrer les bagages à 14
heures, et il est bien 14h30 quand s'ouvrent les guichets. 34 kg, pas de
contrôle de sécurité, pas de problème. J'ai dit au revoir à mes amis David
et Léonce, il ne reste plus qu'à attendre. Je brûle mes derniers crédits de
téléphone mobile en appelant ma mère. Chouette de s'entendre comme à 20 km,
même si c'est que 2 minutes...

Trans AIr Bénin, c'est des avions de taille moyenne (Boeing 727, 120
places), et c'est au moins aussi bien que Swissair entre Bruxelles et Genève
avec la différence qu'en Afrique l'horaire est respecté. À l'escale
d'Abidjan, je sors sur la passerelle, exercer mon anglais avec la capitaine.
Il est Nigérian (du Nigeria, alors que les Nigériens sont du Niger!). Il
m'apprend que Trans Air Bénin et Trans Air Congo sont en fait une seule et
même compagnie, c'est pour ça que les avions ne portent pas de marques
distinctives particulières. On croise le gros Airbus de Sabena qui va à
Cotonou et qui décolle à 200 m de nous: vraiment impressionnant à voir de si
près! Quelques passager montent et une heure et demie plus tard on se pose à
Bamako.
On sent tout de suite le Sahel: +6°C... qu'il faut ajouter au 28 de Cotonou
ou d'Abidjan, bien sûr, qu'est-ce que vous croyiez! On est donc à 34° à
18h30 (GMT+0, donc 2 heures de moins qu'en Suisse, une de moins qu'à
Cotonou). Il y a une chose que je n'ai toujours pas compris: après
récupération des bagages, on les passe dans un tunnel à rayons X, pour le
contrôle de sécurité, comme dans la plupart des aéroports. Mais ensuite on
ne monte pas dans l'avion, on sort vers Bamako, vers les amis qui attendent.
À quoi sert donc ce contrôle? Mystère.
Dominique Guindo est venu m'attendre avec un véhicule et me logera chez lui.
Quel plaisir de retrouver ce malien, fils d'ambassadeur, donc élevé entre
Washington, Moscou et Sydney et qui a fait ses études à Fribourg. Il essaye
(en partie vainement!) de s'habituer à son pays, depuis quelques mois... et
va certainement revenir s'établir à Genève dans quelques temps.
Dure l'Afrique!
On va manger dans une gargote près de chez lui, on discute beaucoup et plus
tard on tente une connexion à Internet depuis son domicile: au moins 10 fois
plus rapide qu'au Bénin! Vous avez donc reçu le message d'hier sans
problème.
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Une nouvelle tranche commence: bonjour Bamako!
... et à la prochaine, avec mes amitiés,
Gilbert Cujean
--
... en voyage en Afrique [:-3)=
Date : 9 juin 2001 16:17:04 GMT+02:00
De : gc@deltalink.org
Objet : Notes de voyage 08 - Juin 2001 - Bonjour Bamako!
À : info@deltalink.org
*** Bamako, samedi 9 juin 2001
Bonjour tout le monde,
Hier, vendredi, j'ai fait connaissance avec Bamako. Avec Dominique, on a
fait une série de courses en ville, dont 2 ou 3 visites prospectives pour
DeltaLink et une reconnaissance chez le transitaire qui recevra (le 14?) la
palette de matériel que nous avons envoyée à mi mai. On a aussi fait le
change de FF 1'000.-, à la sauvette, en pleine rue, sans discrétion
particulière... mais sans aucun problème non plus!
Pour prévenir la réédition du coup du vol inexistant et non réservé pour ma
prochaine étape de Ouagadougou, nous nous sommes rendu à l'agence d'Air
Burkina. Effectivement, aucune réservation à mon nom ne figurait sur le vol
de samedi 16 juin! Qu'à cela ne tienne, comme il y avait encore de la place,
j'ai directement pris le billet. Tout est donc OK. Anecdote supplémentaire
sur le thème du sens du marketing de certains Africains: Avisant une page A4
scotchée au mur, à côté du type qui vient d'émettre mon billet, je lui
demande une liste des vols par destinations, ça pourrait m'être utile à une
autre occasion. "—Il n'y en a plus, on a tout distribué, il ne reste que
celui-là", répond notre vendeur. "—Pouvez-vous nous faire une photocopie?",
suggère Dominique. "—Non,... j'ai annoté cette feuille", ajoute-t-il en nous
montrant un vague gribouillage dans la marge du document. Point final. On
n'insiste pas, sans autre commentaire.
Bamako est la troisième grande ville d'Afrique de l'ouest que j'apprend à
connaître et je découvre encore un autre système de transport populaire! À
Ouagadougou, c'est les taxi verts à 250 F CFA par personne; à Cotonou les
"zems", ces taxis-motos dont les pilotes aux survêtements jaunes vous
emmènent presque n'importe où pour 200 F CFA; à Bamako, c'est les "Sotrama"
à 125 F CFA par personne (Rappel: 100 F CFA = 1 FF [= env. CHF –.25]).
Ce sont des petits minibus du type Toyota Hiace ou équivalent. La partie
publique du véhicule, séparée de la banquette avant par une feuille de
contreplaqué, est équipée d'un banc rudimentaire sur les 4 côtés. Une
portière coulissante (quand il y a une portière) s'ouvre à l'avant droite
tandis que des ouvertures rondes, carrées ou en forme de coeur (!) ont été
percées dans le haut des tôles latérales de la carrosserie, une plus grande
dans la portière. En plus du chauffeur, il y a une sorte de "chef de
course", en principe un jeune gars, dont la tâche est multiple: Tantôt,
assis à la portière, la tête voire le torse penché à l'extérieur du véhicule
en mouvement, il repère les clients qui font signe n'importe où, leur crie
la destination, et s'il décide de s'arrêter pour les prendre, file un bon
coup du poing fermé sur le linteau de la portière. Même signal si un
voyageur veut descendre. Une fois les passagers chargés ou déposés, un
nouveau coup de poing fait repartir le véhicule. Tantôt, il prélève leur dû
à tous les passagers (on peu "facilement" être 15 plus quelques bagages en
plus de lui et du chauffeur, dans la boîte à sardines!). Il pratique un peu
à la manière des croupiers de casino: dans un premier tour il prend la somme
donnée par chacun, puis il rend la monnaie à ceux qui ont trop donné,
souvent en deux temps, d'abord à ceux qu'il peut satisfaire avec les pièces
des autres, ensuite le reste, après avoir fouillé dans ses poches,. Et il ne
semble pas y avoir d'erreur. Si le croupier fait plus d'un mètre cinquante,
il devra attendre le prochain arrêt pour se déplier à l'extérieur du
véhicule et atteindre le fond de ses poches!
Maintenant, je vous dis pas la
vitesse, les accélérations et les coup de freins, mais le transport n'est
pas cher et ça roule... sauf justement vendredi après-midi, où il y avait
grève pour protester contre la mort d'un chauffeur qui, poursuivi par la
police et vraisemblablement effrayé par des coups de sommation tirés en
l'air (!), a quitté son véhicule et sauté du pont sur le Niger dans lequel
il s'est noyé --ça ne s'invente pas!
En soirée, on s'est pointé au Centre culturel français où il devait y avoir
un spectacle-concert. Je dis bien "devait" car une fois sur place on nous a
dit qu'un artiste étant absent, le spectacle n'avait pas lieu.
Au retour, arrêt dans la rue, pour un petit casse-croûte entièrement fait "à
la main". Ambiance.
On prend place sur un banc, face à une table pleine d'objets divers: une
grande cuvette métallique avec de petites bouteilles en plastique, contenant
une boisson locale indéterminée; une autre cuvette, plus large encore, avec
des frites déjà prêtes; divers ustensiles de cuisines, quelques assiettes et
des fourchettes; un fagot de brochettes en bois; un sceau thermos avec de la
glace; quelques baguettes de pain; un pot de mayonnaise, etc.
De l'autre côté de la table, une femme est assise sur une chaise. Elle est
grande et assez belle, 35 ans peut-être, et est entourée d'une autre série
d'objets: un sceau d'eau; un gril fumant; une série de brochettes de viande
prêtes à griller; un stock de papiers gras et de sacs en plastique; une
cuvette avec des oignons, des pommes de terre et des concombres... et j'en
oublie certainement.
Action. Avec une dextérité et une précision de mouvement impressionnante, et
toujours à main nue, cette femme prend quelques brochettes, les place sur le
gril, saisit un oignon, le trempe dans l'eau puis le coupe en tranches dans
sa main, rince une assiette, dans la même eau d'ailleurs, pèle un concombre
et le coupe en rondelles, dispose le tout dans l'assiette, ajoute une
poignée de frites, tourne les brochettes sur le gril, se rince les mains,
toujours dans le même sceau... Finalement, elle attrape les brochettes à
pleine main, une à une, pour retirer le bâton et déposer les morceaux de
viande dans l'assiette. Une pincée de sel pour couronner le tout. Elle
ramasse une fourchette laissée sur la table par un client précédent: une
trempette dans le sceau et la voilà plantée dans votre assiette! Il ne reste
qu'à manger... et c'est parfaitement bon, même si la viande est un peu dure!
Entre-temps, la femme-orchestre a déjà servi un autre client, encaissé et
rendu la monnaie à un troisième en planquant les billets sous la cuvette à
frites, servi à boire à un gamin contre une piècette de monnaie, ranimé les
braises du gril, ajouté de la glace à la cuvette des boissons, emballé
quelques brochettes à emporter dans un papier gras puis un plastique, donné
des ordres de réapprovisionnement en pain à un jeune assistant, coupé et mis
à frire de nouvelles patates... quelle activité! Tout ceci sans
précipitation, mais à un rythme incroyable et avec des gestes précis et des
techniques éprouvées. Un exemple: pour remettre du charbon de bois sur le
gril, elle a des sortes de "portions" de charbon de bois déjà préparées dans
des sacs en plastique noués. Après retrait de la grille, il suffit de saisir
le sac par le noeud, de le déposer une seconde sur les braises, puis de
jeter le sac qui a cédé sous la chaleur et libéré son contenu! Bon il n'y a
pas de contrôle anti-pollution, mais même chez nous, il paraît que les
grillades sont cancérigènes, alors?
Anecdote: Interpellé gentiment par un agent de police qui mange avec son
collègue non loin de nous sur un autre banc et qui me demande "—Français? Allemand?", je répond "—Non, Suisse!".
— Ah, vous parlez français en Suisse?
— En partie, mais il y a aussi l'allemand et l'italien [Je complique pas
trop!].
— Alors vous avez trois ethnies?
— Si on veut!
— La Suisse, c'est le pays de la paix.
Puis, regardant son collègue: "— Tu sais, en Suisse, il n'y a que la police, il n'y a pas d'armée, c'est la paix."
— Non, il y a une armée, mais nous sommes un pays neutre...
— Ouais... Alors c'est pas si bien... Si on a une armée, même pour se défendre, c'est qu'on pense à la guerre... J'avais cru que la Suisse n'avait pas d'armée...
Je l'abandonne à sa déception et souhaite à mes compatriotes bonne réflexion en ce week-end de "votation" sur l'armée. [Pour ma part, j'ai voté par anticipation avant de partir!]
Encore une information qui fait plaisir: vendredi matin avant l'aube, il a fait un orage avec une grosse pluie (19 mm d'après de bonnes sources). Pourvu que ça dure!
La photo du jour:
Dans un immeuble genre galerie commerciale avec cour intérieure, l'alimentation électrique est, semble-t-il, entièrement issue d'un seul compteur, suite à Dieu sait quelle magouille. Il s'agit donc bel et bien de câbles transportant du 220 V, pour ceux qui ne l'aurait pas compris!
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Bon week-end à tous,
avec mes amitiés,
Gilbert Cujean
--
... en voyage en Afrique [:-3)=
Date : 10 juin 2001 12:01:53 GMT+02:00
De : gc@deltalink.org
Objet : Notes de voyage 09 - Juin 2001 - Tranquille
À : info@deltalink.org
*** Bamako, dimanche 10 juin 2001
Hello,
Tranquille est vraiment le mot qui pourrait caractériser la journée d'hier.
J'habite chez mon ami Dominique Guindo, dans une très jolie villa neuve
d'une nouvelle zone résidentielle dite des "200 logements" ou "Mali
Univers", dans la banlieue sud-est de Bamako. Le quartier s'appelle Faladié,
pour ceux qui connaîtraient.
Le quartier est aisé et nombre de grosses villas sont encore en
construction. Autour, c'est des terrains vagues, bien entendu jonchés
d'ordures diverses et de sachets en plastique.

Alentour...
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Dedans... |

Devant...
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Derrière...
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Le centre ville de Bamako est à près de 10 km, de l'autre côté du fleuve
Niger qui fait près d'un kilomètre de large à cet endroit. Pour aller en
ville, on marche environ 800 m jusqu'au carrefour de la Tour de l'Afrique où
on trouve les fameux minibus Sotrama, à un quart d'heure de route du centre.
On ne va donc pas en ville pour rien...
Hier samedi, nous sommes restés à "Mali Univers", Dominique avait du travail
et j'ai apprécié d'avoir un jour pénard pour rattraper le courrier en
souffrance... et relancer les deux partenaires (à Ouagadougou et Abidjan)
dont on attend le payement pour expédier la marchandise. Or DeltaLink sera
fermé du 15 juin à mon retour le 2 juillet, pour cause de vacances bien
méritées de M. B[...], il faut donc faire avancer le "schmilblik".
Rien à signaler, donc, si ce n'est l'installation par un concessionnaire
d'une seconde ligne de téléphone et le repas du soir chez un ami de
Dominique, Boureima Tereta, qui est prof de sociologie à l'université (il a
étudié à Moscou, à la "grande époque" de l'aide soviétique au tiers-monde).
Il avait un vieux Mac LC à diagnostiquer (écran nase), mais la pintade était
excellente! Le plus intéressant, peut-être, c'est qu'il est marié, avec un
seul enfant (4 ans?), et qu'ils habitent un lotissement pilote de 10
bâtiments avec chacun 8 appartements sur 4 étages. L'apprentissage de
l'entassement est semble-t-il pas sans problèmes, même (ou surtout?) si le
niveau de vie est relativement élevé: les mèches de cheveux, les langes et
autres tampons hygiéniques bouchent les canalisations; les moutons
dérangent, surtout dans les étages; les discussions de copropriétaires sont
interminables, etc.
À propos de téléphone, ici, c'est la catastrophe totale. Alors que la
demande est très importante et qu'il y aurait donc un marché certainement
rentable, on peut attendre des années avant d'être connecté. À moins que...
Dominique et sa maison neuve en savent quelque chose: comme par hasard,
alors même que la direction des télécoms disait le quartier "saturé", il a
découvert quelqu'un qui "possédait" 14 lignes et qui voulait bien lui en
céder 2 pour 1'200'000 F CFA! La transaction s'est finalement passée à
900'000 F C FA (plus de 2'000 francs suisses!), sans compter les frais
d'installation. Vu la pénurie de câbles chez les télécoms (!?!), il a même
dû acheter pour 83'000 F CFA ceux qui ont été tirés depuis le coffret du
quartier. Et chez qui achète-t-on ces câbles? Mais chez les monteurs des
télécoms, bien sûr!
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J'attends avec impatience, mais sans illusions les résultats de la votation
de ce week-end en Suisse [Modification de la loi sur l'armée, etc.].
Bon dimanche à tous... et bonne semaine à ceux qui me liront lundi seulement
au boulot.
Avec mes amitiés, sous le soleil du Mali,
Gilbert Cujean
--
... en voyage en Afrique [:-3)=
Date : 10 juin 2001 19:25:33 GMT+02:00
De : gc@deltalink.org
Objet : Notes de voyage 10 - Juin 2001 - Photos
À : info@deltalink.org
*** Bamako, dimanche 10 juin 2001
Bonjour,
Une fois n'est pas coutume, voici des photos pour rattraper les lacunes précédentes:

Deux portraits et... |

... une affiche "Guinness is good for yuo"
(Record de la coquille?) |

... au "Mess des officiers"
(il doit faire 38°C) |
Une devanture de vitrier-encadreur.
[RETROVISER et PHOTOANCADRE] |
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La Tour de l'Afrique [à Bamako],
belle réussite dans le style kitch africain! |
Amitiés en clin d'oeil,
Gilbert Cujean
--
... en voyage en Afrique [:-3)=
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