Article élaboré le 8 mars et publié le 9 mars 2014, à Lausanne.
Images, brèves, et autres historiettes (5)
Encore des animaux sauvages, tous croisés en ville où la nature garde (une partie de) ses droits...
Voici une anecdote incroyable, sans image et pourtant vraie, vécue le soir de notre départ de Ouagadougou, le 28 février:
Mais je dois d'abord vous présenter Richard et la manière dont on a fait connaissance. Lundi 24 février, je me suis rendu à Tanghin (quartier de Ouagadougou), non loin de l'hôtel Ricardo, là où loge Bèbey, le Touareg qui réalise les superbes boîtes que je revends. Y aller depuis le centre-ville n'est pas toujours facile, tant les taxis sont réticents à s'y rendre vu le peu de clients potentiels. Mais pour en revenir, c'est carrément la galère!
J'attendais donc au bord de la route depuis près de 15 minutes, mon sac de boîtes à la main, prêt à héler la première voiture verte qui passerait, quand un gars à lunettes noires, vaguement rasta, sur une étrange moto à 3 roues, s'arrête devant moi et me dit avec un large sourire «Alors le doyen, je vous prends?».
Je monte et on fait connaissance tout en roulant. Il est musicien et peintre. Sérieusement handicapé par une poliomyélite, je constate —lors d'un arrêt chez un de ses amis— qu'il se déplace péniblement, acroupis, en tenant ses pieds avec les mains. Mais sur la moto, il est à l'aise et me ramène finalement «à la maison» où Françoise peut immortaliser la scène!
Mais revenons au soir de notre départ. Comme d'habitude, je passe les dernières heures avant d'entrer dans l'aéroport, au maquis (bistro) qui lui fait face, au bord de la route. Nos amis ouagalais ont été informés par SMS, et c'est bientôt une bonne douzaine d'entre eux qui sirotent le verre de l'amitié en «échangeant» joyeusement. Certains ont fait connaissance lors d'épisodes précédents et se retrouvent, d'autres échangent leurs numéros de portables pour la première fois... comme Brice et justement Richard qui se sont trouvé des intérêts artistiques communs (en plus du fait qu'ils sont Dagara tous les deux!).
Et c'est lors de cette opération que suite à un faux mouvement le smartphone de Richard lui échappe et tombe sur le sol en béton. Le choc détache le dos de l'appareil et les deux parties disparaissent par l'ouverture des dalles qui recouvrent le caniveau. Après le premier instant de stupeur, c'est le branle-bas de combat: plusieurs de nos invités, aidés par quelques jeunes marchands ambulants cherchent d'abord à repérer les objets. Le caniveau est profond de près d'un mètre, l'ouverture ne fait pas 5 cm de large et les dalles sont scellées. De plus, il y a de l'eau au fond, mais par chance, les détritus et autres sachets en plastique ont fait comme un coussin flottant qui a retenu le téléphone. On peut le voir, là au fond, dans le faisceau des LED des téléphones des «secouristes».
À ce point de l'histoire, tout occidental —et moi donc!— déclare l'appareil irrécupérable et commence un processus de deuil des adresses, photos, SMS et autres données qu'il pouvait contenir... Et bien non! On est au Burkina Faso et la «démerdise» et le bricolage de génie sont des compétences largement répandues! Sans compter qu'un téléphone c'est pas donné, même s'il s'agit d'une «chinoiserie».
En moins de temps qu'il m'en faut pour raconter toute l'histoire, un des jeunes ambulants s'est précipité à l'entrée du maquis et a dégotté un manche de parasol, en fait un tube avec une extrémité à ficher dans le sol. Quelqu'un a équipé cette extrémité d'un chewing-gomme bien collant et un autre est parvenu à remonter d'abord le dos puis le corps du téléphone... qui était parfaitement fonctionnel! Applaudissement général et chapeau bas!
À suivre...
(Rappel: les images sont «cliquables»)
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